Dans la province de l’Ituri, la situation sécuritaire se détériore de jour en jour. Des massacres de grande ampleur sont enregistrés dans Djugu, un territoire qui constitue l’épicentre des violences armées dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Les attaques ciblent les sites de déplacés, les villages, les structures de santé, les écoles et les infrastructures publiques. Les éléments de la milice Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) sont pointés du doigt pour ces massacres de civils.
L’association culturelle ENTE avance un bilan de plus de 60 000 innocents tués depuis plus de 20 ans, affirmant que 7 000 personnes, principalement des Hema, ont été massacrées depuis 2017.
« En effet, le bilan de tous ces massacres que subit le peuple Hema est sans appel : la mort injuste et injustifiée de plus de 60 000 innocents, le déplacement massif de la population, la concentration des Hema dans des sites de déplacés et des camps de réfugiés de fortune, qui sont de vrais mouroirs, la rupture de l’harmonie de vie de tout un peuple et de ses assimilés, la destruction des infrastructures et des intérêts d’ordre public et privé, le vagabondage et la mendicité forcés de toute une progéniture, », note Michel Angaika Bhaba, président intérimaire de l’association culturelle ENTE.
Lors d’un point de presse intitulé « Plan d’extermination du peuple Hema en marche », ENTE affirme qu’à ce jour, près de 80 entités Hema sont inhabitées suite aux atrocités des groupes armés, avec plus de 60 sites de déplacés et plus d’un million de réfugiés vivant dans des conditions inhumaines.
« Nous savons tous que ces actes sont exécutés dans une province sous un régime politique spécial qui dure depuis plus de 3 ans, avec toutes les institutions d’un État de droit quasi pleinement opérationnelles, et où la communauté internationale est présente depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, la théorie de la «provocation-représailles», utilisée pour justifier les crimes de la CODECO, se révèle finalement n’être qu’une moquerie contre les victimes de la CODECO et une fuite en avant qui réconforte ceux qui en profitent, », a-t-il affirmé.
ENTE déplore que les cris d’alarme répétés du peuple Hema ne soient pas pris en compte par le pouvoir de la RDC, qui assimile, pour des objectifs inavoués, tous les Hema à un groupe favorable à la rébellion du M23.
« On peut se demander si, dans la logique de Kinshasa, la province de l’Ituri, où se vivent ces atrocités à 2000 km, figure encore comme une des provinces de ce grand pays. Nous condamnons sans appel ces actes de barbarie inouïe contre un peuple frère avec lequel la coexistence pacifique et la cohésion sociale profiteraient à tous», indique-t-il.
Face à ces réalités indéniables, le peuple Hema demande à la communauté internationale, témoin privilégié de ces massacres par la présence de la MONUSCO et des autres organes des Nations Unies, une protection spéciale pour barrer la route à ce programme d’extermination. Ils appellent à un lobbying pour une action mondiale visant à stopper ce programme d’effacement de tout un peuple.
Au pouvoir central de la RDC et à celui de l’état de siège en Ituri, ENTE demande l’imposition urgente de la paix par la force, permettant aux déplacés et réfugiés de regagner leurs milieux de vie. Cette action relève des devoirs régaliens d’un État de droit, incluant la reconnaissance officielle du génocide du peuple Hema et le plaidoyer contre ce dommage extrême.
L’association culturelle ENTE appelle le peuple Hema à rester calme malgré la douleur infligée, à l’unité et à la cohésion interne, gages d’un avenir radieux. Cette unité doit se réaliser au sein de ENTE, mandatée pour parler au nom de la communauté. Cette attitude permettra un lobbying efficace et une mobilisation pour la survie par des actions pacifiques concertées.
Signalons que le 17 décembre 2024 marquait le 7ème anniversaire du début des massacres de CODECO dans le territoire de Djugu.
Heri Budjo Joël