L’Ituri, province de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est de nouveau secouée par une vague de violences extrêmes. Médecins Sans Frontières (MSF) a exprimé ce mardi 25 mars 2025 son inquiétude face à l’aggravation des conditions de vie des civils, victimes d’attaques brutales.
Dans son dernier rapport intitulé Risquer sa vie pour survivre, l’organisation met en lumière les besoins pressants des communautés déplacées et l’insuffisance de l’aide humanitaire.
Depuis des décennies, la région est le théâtre de tensions communautaires et de la présence de groupes armés, une situation qui compromet l’accès aux soins de santé et la survie des familles. L’insuffisance de l’aide internationale amplifie la crise humanitaire.
Dans son rapport, MSF exhorte toutes les parties impliquées, y compris les groupes armés, à protéger les civils et les infrastructures médicales, essentielles pour le bien-être des communautés.
Depuis le début de l’année 2025, près de 100 000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers en Ituri, selon les données de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Les mois de janvier et février ont vu l’intensification des attaques, causant la mort de plus de 200 personnes et de nombreux blessés graves.
Parmi les victimes des récentes violences dans le territoire de Djugu, MSF a soigné des enfants dès l’âge de quatre ans, ainsi que des femmes enceintes blessées par des machettes et des tirs.
Ces violences perpétuelles entraînent des déplacements massifs et obligent les communautés civiles à reconstruire leur vie après chaque assaut. Alira Halidou, chef de mission de MSF en RDC, souligne que ces incidents ne sont que la partie émergée d’une crise plus profonde.
A la clinique Salama de Bunia, entre janvier et mi-mars 2025, la moitié des 39 victimes traitées étaient des femmes et des enfants. Parmi elles, une mère a perdu son bébé de six mois et son mari lors d’une attaque à la machette, tandis que son enfant de quatre ans a été blessé.
Deux sœurs de 4 et 16 ans, ainsi que leur mère enceinte, ont subi de graves blessures lors d’une agression similaire. Un garçon de neuf ans, blessé par balle, a vu sa mère et ses deux frères et sœurs tués sous ses yeux.
Même les camps censés offrir un refuge restent dangereux pour les civils. En septembre 2024, une attaque armée sur le site de Plaine Savo, dans la zone de santé de Fataki, a fait plusieurs blessés parmi les déplacés. MSF a pris en charge cinq d’entre eux.
Les violences s’accompagnent d’une recrudescence des agressions sexuelles, notamment envers les femmes. Entre 2023 et 2024, 84 % des victimes prises en charge par MSF à Drodro avaient été agressées hors des camps, souvent en travaillant dans les champs ou en collectant du bois.
Les ressources disponibles pour répondre à cette crise humanitaire restent largement insuffisantes. En 2024, 43 % de la population souffrait d’insécurité alimentaire chronique. Les mauvaises conditions dans les camps, comme des abris délabrés et le manque d’hygiène, favorisent la propagation de maladies diarrhéiques et respiratoires, particulièrement chez les enfants de moins de cinq ans.
Garantir l’accès des populations aux soins médicaux, tout en réduisant les risques auxquels elles sont confrontées quotidiennement, est une priorité urgente.
Eugène Laro