Les habitants de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, ont passé la journée de mercredi 5 février dans une psychose d’arrivée imminente des soldats des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) dans cette ville située au nord-est de la République démocratique du Congo.
Dans une interview ce jeudi 6 février, le porte-parole des opérations militaires en Ituri a déclaré que les soldats de l’armée ougandaise ne sont pas arrivés à Bunia, mais ont plutôt renforcé leur position dans la région de Boga, au sud de Bunia, dans le territoire d’Irumu, dans le cadre des opérations militaires conjointes FARDC-UPDF baptisées «Shujaa».
«Il n’y a pas de présence de l’UPDF en ville de Bunia. Mais plutôt ils sont à Boga, Tchabi dans le cadre des opérations conjointes Shujaa, entre les FARDC et l’UPDF», a précisé le Lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des FARDC en Ituri.
Il assure que le renfort des militaires ougandais dans la région a pour unique but «de combattre les terroristes ADF» et non d’appuyer les FARDC pour stopper l’avancée des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
Depuis mardi 4 février, on observe l’entrée massive, par la rivière Semuliki vers Burasi, des troupes ougandaises en RDC. Des sources locales parlent d’une quarantaine de camions arrivés dans la région de Boga et Tchabi avec des équipements et matériels militaires lourds.
L’armée ougandaise a annoncé vendredi 31 janvier 2023 qu’elle allait «renforcer ses défenses» dans l’Est de la RDC, où les rebelles du M23 mènent une offensive avec l’armée rwandaise.
L’UPDF n’a cependant pas précisé combien d’hommes supplémentaires seraient envoyés en RDC. Contacté par l’AFP, le ministère de la Défense ougandais n’a pas réagi dans l’immédiat.
Dans un communiqué exploité par l’AFP, l’UPDF a déclaré qu’elle «adoptera une posture défensive avancée (…) jusqu’à ce que la crise soit passée», précisant que l’objectif est «de dissuader et d’empêcher les nombreux autres groupes armés négatifs opérant dans l’Est de la RDC d’exploiter la situation, et de protéger et sécuriser les intérêts de l’Ouganda».
Alors que les rebelles du M23 sont à la porte de Lubero, dans le Grand Nord-Kivu, l’armée ougandaise (UPDF) a renforcé sa présence depuis samedi 1er février dans cette partie de la province du Nord-Kivu.
Selon le porte-parole des opérations militaires dans le Grand Nord-Kivu, le colonel Mak Hazukayi, la présence des UPDF dans le territoire de Lubero se justifie par la poursuite des opérations militaires conjointes lancées depuis le 30 novembre 2021 contre les rebelles des ADF.
Y a-t-il soutien des UPDF au M23 ?
Le M23, qui selon des experts de l’ONU dans leur rapport rendu public le 8 juillet 2024, bénéficie d’un soutien «actif» des services de renseignement ougandais, a récupéré plusieurs villages proches de Lubero centre et Goma au Nord-Kivu, et avance vers le Sud-Kivu.
Ces allégations ont été catégoriquement rejetées par le porte-parole de l’armée ougandaise, le brigadier général Félix Kulayigye, qui a affirmé : «Ce rapport n’a absolument aucun fondement scientifique. Il manque de documentation et il est biaisé.» Il a ajouté qu’ils n’ont «aucune raison de soutenir ces rebelles, alors qu’ils font partie des mécanismes régionaux pour la résolution des conflits dans l’Est de la RDC».
Rédaction