Au moins quatre pâturages publics destinés à l’élevage en territoire d’Irumu sont victimes de spoliation, transformés en sites d’habitation ou en lieux de désarmement, au détriment du développement du secteur agro-pastoral.
Dans une interview accordée ce mardi 8 avril à Visibilitemediapro.cd, le chef de division de Pêche et d’Élevage a tiré la sonnette d’alarme sur cette situation préoccupante. Il estime que ces pratiques compromettent sérieusement l’élevage à travers la province, où plusieurs cas similaires ont déjà été signalés.
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Parmi les sites concernés, il cite notamment :
- Le pâturage de Diango, d’une superficie de 311 hectares, qui accueille actuellement un site dédié aux démobilisés sous le Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion communautaire et Stabilisation (P-DDRC-S).
- Le pâturage d’Ada, situé près de Bogoro et couvrant 271 hectares, prévu pour l’élevage mais aujourd’hui envahi par la population.
- Le pâturage de Lorobi, réparti entre les secteurs de Bahema Sud et Walendu Bindi, initialement de 120 hectares, dont près de 80 % sont déjà occupés illégalement.
- Le pâturage de Gety, également de 120 hectares, qui devait autrefois abriter une station zootechnique, aujourd’hui menacée par la spoliation.
« Ces terres sont spoliées depuis longtemps, comme le confirment les archives que j’ai consultées à mon arrivée à la tête de la division. C’est regrettable, car ces espaces auraient pu abriter plusieurs projets d’élevage », déplore l’ingénieur Fiston Kabaseke, chef de division.
Face à cette situation, il s’interroge : où peut-on désormais installer des fermes pilotes pour le croisement des espèces ? Où les vétérinaires, agronomes et zootechniciens pourront-ils effectuer leur stage ? Seront-ils contraints de partir à l’extérieur de la province ?
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Fiston Kabaseke interpelle les chefs coutumiers, les exhortant à prendre conscience des conséquences de cette pratique et à protéger les concessions de l’État. Il appelle également à l’implication du gouvernement pour freiner ce phénomène et assurer la pérennité du secteur de l’élevage.
Par ailleurs, il dénonce également la spoliation des concessions de services vétérinaires, pourtant bien identifiées dans les chefferies et secteurs de la province.
« C’est à partir de ces concessions que nous pouvons mener des expériences, transmettre nos connaissances aux populations et installer des infrastructures essentielles, comme des dispensaires vétérinaires », souligne-t-il.
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La préservation des terres dédiées à l’élevage demeure un enjeu crucial pour garantir la pérennité du secteur et assurer l’avenir des professionnels qui y évoluent.
Jérémie Kaseke