A Aru, aux confins de l’Ituri, s’ouvre un nouveau chapitre du long processus de paix en République démocratique du Congo. Baptisé « Aru 2 », ce round de pourparlers entre le gouvernement congolais et des groupes armés actifs dans la région suscite autant d’espoirs que de scepticisme. D’un côté, une volonté affichée de désescalade ; de l’autre, une population épuisée par des promesses restées lettre morte.
L’initiative mérite d’être saluée. Dans une province meurtrie par des années de violences, de massacres et de déplacements forcés, le dialogue demeure un outil essentiel. La MONUSCO, partenaire ancien mais parfois contesté, apporte son soutien, tandis que le gouvernement central souvent accusé de passivité tente ici de renouer le fil rompu du vivre-ensemble.
Mais à défaut d’un cadre clair et contraignant, la démarche risque de s’enliser. « Aru 1 » avait accouché de promesses vite oubliées. Sans engagements concrets ni mécanismes de suivi, les déclarations de bonne volonté peinent à convaincre dans un contexte où les groupes armés prospèrent sur les frustrations, les failles institutionnelles et les complicités économiques. La paix ne se décrète pas, elle se construit.
La question de fond demeure : peut-on négocier avec ceux qui ont tourné le dos à toute idée de coexistence pacifique et se sont rendus coupables de graves exactions ? À vouloir inclure sans discernement, le danger est grand de légitimer l’illégitime. Le pardon ne saurait se substituer à la justice. Des lignes rouges doivent être clairement établies.
L’espoir, néanmoins, reste permis, à condition que les autorités rompent avec une logique de gestion à courte vue. Au-delà d’Aru, il faudra poser des actes forts : un désarmement effectif, une réintégration sérieuse, une justice réparatrice, un développement équitable, et la restauration de l’autorité de l’État, loin de toute dérive militariste.
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« Aru 2 » ne doit pas être un simple exercice diplomatique, mais le point de bascule vers une stratégie durable. Seule une volonté politique sincère, cohérente et courageuse permettra d’enraciner la paix dans une Ituri profondément meurtrie.
Heri Budjo Joël
