Dix ans après l’annonce du vaste projet de réhabilitation de la piste de l’aéroport international de N’djili, le constat est accablant : les travaux ne sont toujours pas officiellement achevés, malgré un financement de 60 millions de dollars accordé par l’Exim Bank of China.
Le dossier refait surface cette semaine à l’Assemblée nationale, où, lors d’une commission parlementaire, le directeur général de la Régie des voies aériennes (RVA) a lâché cette phrase lourde de sens :
« Il n’y a jamais eu de réception technique définitive. »
Or, la piste est bel et bien utilisée : des avions y décollent et y atterrissent chaque jour. Pourtant, aucun document officiel ne confirme la conformité ou l’achèvement des travaux, ce qui pose un sérieux problème technique, légal, budgétaire, mais surtout en matière de sécurité aérienne.
Comment en est-on arrivé là ? Où sont passés ces 60 millions de dollars ? Le projet a-t-il été saboté, détourné ou simplement abandonné dans l’indifférence ?
Ce chantier inachevé illustre un mal plus profond : une culture de l’opacité et du non-achèvement qui mine depuis des années les grands projets en RDC. Trop souvent, les promesses d’infrastructures se transforment en gouffres financiers, sans que personne ne rende de comptes. Pendant ce temps, la population continue de payer en confiance brisée, en retards accumulés et en services publics défaillants.
Qui a autorisé les paiements ? Qui a vérifié les travaux ? Qui devait s’assurer du respect du cahier des charges ? Silence radio. Face à la pression parlementaire, les responsables se renvoient la balle, sans jamais clarifier les responsabilités.
La République démocratique du Congo ne peut plus se permettre ces zones d’ombre. Elle a besoin de rigueur, de suivi, de transparence. Elle a besoin de dirigeants capables de mener un projet à son terme, et non de simples annonces en conférence de presse.
Une piste d’atterrissage, ce n’est pas qu’un simple bout de béton. C’est une promesse de développement, de mobilité, d’ouverture. A N’djili, cette promesse semble avoir été clouée au sol avant même d’avoir pu décoller.
Heri Budjo Joël