Des massacres de civils par des groupes armés passent presque inaperçus dans le territoire d’Irumu, en province de l’Ituri, et dans une partie du territoire de Beni, au Nord-Kivu, au Nord-est de la République démocratique du Congo.
Le lundi 6 janvier 2025, au moins 12 corps de civils en décomposition ont été enterrés dans la forêt du village de Bwanasula, en chefferie de Walese Vonkutu.
Selon des sources locales, les victimes étaient des habitants de Bwanasula et des environs, tués dix jours plus tôt par des hommes armés identifiés comme des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF).
« Plusieurs personnes ont été prises en otage lors de l’attaque des rebelles ADF le vendredi 27 décembre 2024. C’est le dimanche 5 janvier 2025 que les jeunes ont découvert 12 corps, tous des hommes, dans la forêt, découpés à la machette, à 7 km de la grand-route (RN4). Les corps étaient en décomposition, nous nous sommes mobilisés, avec l’escorte des FARDC, pour enterrer ces victimes », a témoigné un habitant de Bwanasula qui a requis l’anonymat.
L’armée a confirmé cette information sans donner de détails.
« Nous apprenons qu’il y a 12 corps de civils retrouvés dans la forêt de Walese Vonkutu, mais nous n’avons pas assez de précisions sur ce fait. Et nous ne savons pas dans quelles conditions ils ont été tués », a déclaré le Lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des opérations militaires en Ituri.
Selon Christophe Munyanderu, membre de l’ONG Convention pour la défense des droits humains (CRDH), « plusieurs autres attaques attribuées aux rebelles ADF ont été enregistrées depuis le 24 décembre 2024 jusqu’au début de janvier 2025 » dans plusieurs villages de Walese Vonkutu et dans le territoire voisin de Beni.
La société civile de Walese Vonkutu regrette cette énième attaque qui a déjà fait plusieurs centaines de morts et déplore la « négligence » des autorités congolaises.
« La menace des ADF continue. Il y a des massacres de civils dans le territoire d’Irumu, mais les autorités de Kinshasa s’intéressent plus à la guerre contre le M23 dans le Nord-Kivu. Cela nous fait très mal. Il y a la mutualisation des forces de la RDC et de l’Ouganda, mais elles n’arrivent pas à mettre fin à cette situation », a déclaré Dieudonné Malangay, membre de la société civile locale.
Si l’opération Shujaa menée par les FARDC et l’UPDF a remporté des succès, notamment dans le territoire de Beni, elle n’a pas mis fin aux actions des ADF. « Cela a eu pour effet un élargissement de la zone d’action des ADF. Alors qu’ils menaient beaucoup d’actions dans le Nord-Kivu, le groupe a été déstabilisé au point de se rendre de plus en plus vers l’Ituri pour s’attaquer aux territoires d’Irumu, de Mambasa, de Boga et de Tchabi où ces rebelles opèrent en petits groupes », précisent les experts. Ce qui rend la tâche plus difficile aux militaires déployés dans la région.
Il y a lieu de noter que cette opération Shujaa a produit des résultats dans certaines agglomérations, notamment dans la région de Boga et de Tchabi, où les civils regagnent petit à petit leurs domiciles. Cependant, cette opération n’a pas permis de réduire le nombre de victimes civiles ou de mettre complètement fin aux massacres. Au contraire, les opérations militaires occasionnent des représailles des rebelles contre les civils.
Un autre constat est que l’exploitation des bois, du cacao et des minerais attire plusieurs autres groupes armés locaux qui opèrent dans une grande partie du territoire d’Irumu, ce qui complique davantage la situation dans la zone et expose activement les civils.
Rédaction