Un tableau sombre à propos du lac Albert, partagé par la République Démocratique du Congo (RDC) [46%] et l’Ouganda [54%], a été dressé par les participants à la table ronde organisée le mercredi 15 janvier 2024 à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.
Dans son mot au nom du coordinateur provincial de l’environnement et développement durable, Justin Vaweka a laissé entendre que le non-respect et la non-application de la loi sur la pêche, ainsi que la violation de lois environnementales, ont fait que le lac Albert, dans la partie de la RDC, continue à perdre ses nombreuses espèces de poissons. Le lac est également mentionné depuis 2024 sur la liste des lacs en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
«Malgré la présence de textes légaux et réglementaires, y compris la création de l’unité de surveillance, les cours d’eau de l’Ituri, particulièrement le lac Albert, connaissent de sérieux problèmes liés à leur qualité et quantité, y compris la mauvaise gestion et la surexploitation des ressources halieutiques. Les déchets de toutes sortes ainsi que des substances chimiques se trouvent dans le lac Albert, menaçant ainsi les écosystèmes aquatiques», a-t-il alerté.
Pour le chef de bureau en charge de reboisement au sein de la division provinciale de l’environnement, Faustin Ngalori Schombe, le mal est très profond et chacun est responsable sur le plan administratif, professionnel et scientifique.
«Aujourd’hui, le lac Albert est classé parmi les lacs en danger au vu et au su des autorités politiques, des chercheurs, des agents de l’environnement, des agents de pêche et des communautés locales», a-t-il déploré.
Pour sa part, le doctorant de l’Université de Yaoundé (Cameroun) et enseignant à l’Université Shalom de Bunia, Jarcy Soheranda, a relevé plusieurs défis auxquels les recherches scientifiques font face sur le lac Albert.
«Il y a plusieurs défis auxquels les recherches scientifiques sont confrontées pour la gestion du lac Albert. Parmi ces défis, il y a la surpêche, la pratique non durable de la pêche avec des méthodes destructrices, la pression démographique, les conflits de ressources, les conflits entre pêcheurs, les conflits entre les agents de l’environnement et de pêche et élevage, ainsi que le manque de budget», a-t-il signifié.
Prenant la parole à son tour, le directeur de cabinet du gouverneur militaire de l’Ituri en charge de l’économie et des finances, Dieudonné Omasombo, a, au nom de l’autorité provinciale, rassuré que le gouvernement provincial est engagé à soutenir toutes les initiatives par la mise en place de mesures nécessaires pour accompagner cette dynamique de protection du lac Albert.
Organisée par l’ONG Forum des Engagés pour le Développement Durable (FORED) en collaboration avec la coordination provinciale de l’environnement et développement durable, dans le cadre du programme Engagement Communautaire pour la Sauvegarde de la Biodiversité (ECOS-Biodiversité), cette table ronde était une occasion propice pour les participants issus des structures étatiques et non étatiques de faire un diagnostic de choc sur les vrais maux qui rongent l’un des poumons économiques de l’Ituri, dans le but de trouver des solutions appropriées pour une gestion rationnelle et durable du lac Albert.
Rédaction