C’est devenu presque une habitude pour les groupes armés d’endeuiller la province de l’Ituri au nord-est de la République Démocratique du Congo.
Parmi ces groupes armés, la milice Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), ayant son champ d’action dans le territoire de Djugu avec un mode opératoire qui n’est pas différent de rebelles ougandais de l’ADF très actifs au sud de Bunia, dans une partie du territoire d’Irumu et Mambasa.
Si une accalmie précaire s’observe dans la partie nord de Djugu, la situation s’empire au moment même dans la zone minière. Le secteur de Banyali Kilo assiégé à plus ou moins 70% par des groupes armés, selon le chef de cette entité riche en Or, est devenue l’épicentre des violences armées.
Des affrontements sont souvent signalés entre les éléments de CODECO et le groupe d’autodéfense Zaïre, pour le contrôle des mines d’or avait déclaré le gouverneur militaire de l’Ituri, Lieutenant Général Johnny Luboya N’kashama.
Malencontreusement, cet or dont la quantité de production n’a jamais été connue, quitte frauduleusement l’Ituri en destination des pays étrangers dont l’Ouganda. Les grands fournisseurs illégaux sont les groupes armés auteurs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, en utilisant les profits tirés de l’or pour financer leurs activités et acheter des armes. C’est ce qu’avait mis en évidence l’ONU dans son rapport.
Souvent, de dizaine de morts sont comptés après leurs exactions contre la population innocente. Plus ou moins 2000 morts depuis 2017, près d’un million des déplaces qui vivent dans des conditions inhumaines. De destruction des habitations et plusieurs autres édifices religieux et publics détruits par la milice, précise un rapport de la société civile de l’Ituri rendu public le 13 mai 2024
Le gouvernement congolais «peigne la girafe».
Plus de dix dialogues organisés à l’intention des leaders de groupes armés et les membres de communautés. Toutes ces consultations n’ont pas encore produits des effets positifs, soit la cessation effective des hostilités. Ajouter la mission des émissaires de paix et la task-force, initiative du Président de la République, mais cela n’a pas produit de fruit attendu par l’ensemble de la population Iturienne.
Etat de siège mis en place.
«Je serai sans état d’âme», avait déclaré le gouverneur militaire dès son arrivée à Bunia en mai 2021. Cependant, cela est resté une simple théorie pour imposer la paix, qui était la mission principale de cette administration spéciale en Ituri et au Nord Kivu, déplorent les habitants.
Dépouillé d’un grand nombre de militaires au profit de guerre contre les rebelles du M23 dans le grand Nord, le Lieutenant général Johnny Luboya N’kashama ne peut que compter sur l’approche non militaire avec l’appui des partenaires de la RDC dont la MONUSCO. Une bonne initiative mais insuffisante, étant donné que «le gouvernement doit plutôt négocier en position de force ».
Pour le processus de paix en Ituri, il est cependant noté que des leaders communautaires soufflent le chaud et le froid. Nombreux d’entre eux jouent l’hypocrisie, c’est encore un frein dans la recherche de la paix, partant de la réalité sociologique des conflits en Ituri.
Peut-on craindre une escalade de conflit ?
La crise actuelle se distingue du conflit de 1999-2003 en Ituri, au cours duquel les communautés Hema et Lendu avaient participé à des massacres de grande ampleur, par les milices interposées.
Contrairement au conflit précédent, bien que les assaillants soient recrutés essentiellement dans la communauté Lendu et réunis, pour la plupart, au sein d’un groupe de milices, la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), les notables Lendu n’assument pas la paternité de cette milice. Cependant, la réponse militaire du gouvernement provincial a montré ses limites et le scénario d’une escalade intercommunautaire plus généralisée ne peut être écarté.
L’organisation de jeunes Hema en groupes d’autodéfense, car selon eux le gouvernement n’agit pas efficacement pour mettre fin massacre et défendre la population face aux attaques des miliciens, devrait alerter sur le risque d’une communautarisation du conflit.
Et donc, l’État congolais doit assumer sa responsabilité, la justice doit correctement jouer son rôle, en arrêtant non seulement de petits poussins mais aussi des gros poissons qui alimentent, instrumentalisent ce conflit.
Et le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilité devrait être activé du fait que, nombreux des miliciens notamment de la CODECO n’attendent que ce processus, a-t-on appris.
Heri Budjo Joël