Les centres de négoce de Tchomia et Kasenyi au littoral du lac Albert se sont réveillés avec des tirs d’armes nourris le mercredi 31 juillet 2024 au nord-est de la République démocratique du Congo.
Il s’agissait, selon le gouverneur militaire de la province de l’Ituri Lieutenant général Luboya N’kashama Johnny, d’une attaque contre les positions des FARDC menée par des éléments d’autodéfense Zaïre.
«C’est le Zaïre! Vous savez que c’est le Zaïre qui a été mobilisé, c’est le Zaïre qui faisait la récolte de fonds pour acheter des armes et organiser cette attaque», a déclaré le gouverneur militaire de l’Ituri.
«… ils ont attaqué nos positions à Tchomia et Kasenyi. Nos hommes se sont bien comportés et la situation est sous contrôle», a ajouté le gouverneur Luboya.
Cette «attaque était prévisible», précise le commandant des opérations militaires en Ituri.
«On avait déjà eu l’écho qu’effectivement il y avait de mauvaise chose qui se préparaient là-bas. J’avais moi-même appelé les deux commandants dans la zone pour qu’ils fassent très attention. Je leur ai dit qu’il allait se passer quelques choses. Et voilà ce matin (mercredi) ils ont attaqué», a-t-il précisé.
Cette affirmation du gouverneur militaire est contredite par des notables Hema.
«La vraie version est qu’il y a eu conflit entre deux officiers de force navale. L’un basé à Kasenyi et l’autre à Tchomia. Le conflit a dégénéré jusqu’au point où ils se sont tirés les coups de balle par leurs éléments. Pour preuve, l’un de ces officiers est décédé», a fait savoir Me Mugisa Tibasima.
Un autre notable Hema, Eric Kahigwa insiste en disant que c’était une «altercation entre deux officiers de la force navale» qui a occasionné, selon lui, un échange des tirs entre leurs éléments respectifs.
«Dire que ce sont les éléments d’autodéfense qui ont attaqué c’est faux et archi faux», a déclaré Me Mugisa Tibasima.
Selon le gouverneur militaire de l’Ituri, cette «attaque» a occasionné mort d’un officier et deux autres militaires blessés.
Un renfort militaire a été dépêché à Kasenyi et Tchomia pour restaurer l’ordre public.
Meurtre et arrestation de civils à Tchomia
A la suite de cet événement de Tchomia, trois (3) civils ont été tués dans une circonstance non encore clairement élucidée. La communauté Hema déplore ce meurtre qui a touché ses membres.
«L’association culturelle ENTE, regroupant le peuple Hema a appris avec forte amertume et affliction le décès de ses trois(3) membres dans les événements de Tchomia survenus mercredi 31 juillet 2024. Nous sollicitons que le pouvoir de l’État de siege, prenne en charge de façon responsable, les dégâts collatéraux qu’a encore subi cette population, de façon récidiviste», peut-on lire dans un communiqué de presse de cette communauté.
Le député national, Gratien Iracan de son côté fustige «le dérapage des militaires dépêchés dans la région»
«Nous regrettons la mort de quatre civils(4). Il y a deux(2) commerçants qui ont été abattus, il y a un taximan et puis un(1) pêcheur. Il y a eu plusieurs enlèvements, moi je préfère parlé de porté disparu, puisqu’on en a recensé presque 32 et il y a beaucoup de jeunes qui ont été arrêtés de façon non conforme, en fait ça vient sous forme d’un règlement de compte, on ne comprend pas de quoi il s’agit concrètement», a dit Gratien Iracan, invité de Radio Okapi.
Invité par la même chaîne Radio Okapi, le porte-parole des opérations militaires en Ituri Lieutenant Jules Ngongo rejette cette accusation et qualifie de «verbiages» les propos de Gratien Iracan imputant le meurtre et l’arrestation des civils de Tchomia aux soldats loyalistes.
«Nous n’arrêtons pas de gens pour arrêter. Même ceux-là qui sont interpellés, une fois les enquêtes finies, ceux qui sont innocents seront libérés. Celui que nous avons arrêtés à Tchomia, parce qu’il avait tué un militaire, certains jeunes de Tchomia nous ont empêché de le ramener en creusant un grand trou sur la route en utilisant les déplacés pour nous empêcher à faire notre travail », a dit Lieutenant Jules Ngongo.
L’élu de l’Ituri et la communauté Hema ont, à l’unanimité dans leur déclaration, exigé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour pouvoir établir les responsabilités et éclairer l’opinion sur ce qui s’est réellement passé à Tchomia et Kasenyi, deux entités Hema situées au sud de Bunia, respectivement dans la chefferie de Bahema Banywagi (territoire de Djugu) et le secteur Bahema du Sud (territoire d’Irumu).
Rédaction