Des leaders des femmes de Béni en province du Nord-Kivu, de Bunia et de Fataki en province de l’Ituri, se sont rencontrés à Bunia pour un échange d’expériences et de renforcement des capacités. Une initiative de la section Genre de la MONUSCO de Bunia en collaboration avec celle de Beni pour outiller les femmes sur des questions de médiation, de leadership et de la résolution 1325.
Venues des entités secouées par les violences des groupes armés, ces femmes ont discuté sur leur participation active au processus de la recherche de paix, de stabilisation, de cohésion sociale et du relèvement communautaire.
Borive Espérance est une femme leader oeuvrant à Fataki, en chefferie de Walendu Djatsi (Djugu). Elle a vécu des atrocités des groupes armés locaux. Mais aujourd’hui, elle est devenue actrice de la paix. Elle raconte de multiples stratégies qu’elle a initiées pour convaincre les miliciens à cesser les violences et à adhérer au programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).
«Nous organisons des ateliers de formation, des séances de sensibilisation sur la paix en impliquant activement les femmes des groupes armés. Ensuite, ces femmes transmettent le message à leurs époux respectifs. On leur parle des conséquences de la guerre et comme c’est leurs femmes, ces miliciens écoutent facilement, car vous savez bien le pouvoir d’une femme auprès de son mari, surtout lorsque la femme parle avec un ton amoureux ».
Béatrice Madhasi, responsable d’une association féminine basée à Fataki s’est jointe aux efforts d’autres femmes pour la recherche de la paix en territoire de Djugu.
«Cette stratégie d’atteindre les miliciens en passant par leurs femmes et leurs enfants les plus âgés, est la meilleure et produit quand même un résultat favorable. Aujourd’hui, nous voyons un changement avec une baisse des violences. Et nous sensibilisons aussi les membres de communauté pour une cohésion sociale », a-t-elle ajouté
A Beni tout comme en Ituri, bien que les conséquences des conflits touchent les communautés dans leur ensemble mais elles affectent particulièrement les femmes et les jeunes filles du fait de leur statut social.
En dépit de ces affres, de ces souffrances, les femmes ne doivent pas simplement être perçues comme des victimes des conflits. Elles jouent un rôle clé en assurant la survie de leur famille pendant ces périodes de troubles et de destructions et doivent particulièrement être impliquées dans la résolution des conflits et la consolidation de cohésion sociale. C’est effectivement ce que fait Benge Mukengere, membre de la coalition des femmes défenseures des droits humains en RDC basée à Beni.
«Les femmes ne doivent plus se considérer comme des victimes, mais il faut qu’elles soient actrices de la paix», a-t-elle indiqué.
A elle d’ajouter :
« Les femmes de Beni s’impliquent davantage dans le relèvement socio-économique pour rendre les femmes autonomes. Nous sensibilisons les femmes dans les sites des déplacés, nous les encadrons pour qu’elles puissent exercer les activités de petits commerces. Et avec ces ressources, elles peuvent se procurer de la nourriture. Et aujourd’hui, la cohésion existe entre les femmes déplacées et celles de Beni. J’appelle les femmes de Bunia à copier cet exemple pour un développement durable dans leur milieu ».
Selon Julie Nkuna venue de Beni, « cette initiative ne peut réussir que lorsque les femmes sont unies, parlent même langage et voient dans une même direction ».
« Beni est une ville cosmopolite, les femmes se mettent ensemble, nous travaillons ensemble. Les questions d’intolérance tribalo-ethnique n’existent pas. Nous devons valoriser ce qui nous uni pour atteindre un objectif commun qui est la paix, le développement durable de la société », a-t-elle insisté
Partageant également son expérience à cette rencontre des femmes, Marie Kabazaire, femme leader de Bunia, estime que la véritable paix doit commencer dans le foyer, dans nos familles où la femme joue un grand rôle d’éducatrice.
« Le leadership que nous allons mener doit être transformateur. Que ce soit les femmes de Beni ou de l’Ituri, nous devons apporter un changement, en commençant par nos foyers, nos familles respectives. Nous devons préserver l’unité pour que nous ne soyons pas divisés », a-t-elle indiqué.
La responsable de la section Genre de la MONUSCO à Bunia a déclaré que ce partage d’expériences entre les femmes, leur permettra de jouer correctement leur rôle dans la recherche, la consolidation de la paix et la cohésion sociale même après le départ de la MONUSCO.
« Les femmes ont un rôle très important à jouer dans leur communauté. Et dans ce processus de la transition de la MONUSCO, il est important de renforcer leur capacité et faire en sorte que, leur leadership soit affirmé et qu’elles maîtrisent mieux la résolution 1325 des Nations unies et la résolution 2250 », a préconisé Nathalie Kone Traoré.
M. Kone a signifié que cette activité est le résultat de tout un processus de renforcement de capacité des femmes mené à Bunia et à Beni sur la médiation, le leadership, la résolution 1325 et tant d’autres. Cette rencontre tenue en novembre 2023, avait regroupé près de 40 femmes dont 10 venues de Beni, 2 de Fataki (Djugu), 2 du site de déplacés de Kigonze à Bunia et 26 leaders des femmes de Bunia. Initiative qui devra se poursuivre cette année 2024 avec une nouvelle orientation a-t-elle poursuivi.
Rédaction