A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée chaque 10 octobre, le Programme national de santé mentale (PNSM) a organisé, ce vendredi 24 octobre 2025 à Bunia, une conférence-débat en partenariat avec plusieurs organisations non gouvernementales. L’objectif : sensibiliser les autorités et la population à l’importance de la santé mentale dans la consolidation de la paix en Ituri.
La rencontre a rassemblé des leaders communautaires, des responsables de jeunesse, des représentants des autorités locales ainsi que des partenaires techniques et financiers. Elle a été animée par la docteure Séphora Nyomi, médecin et coordonnatrice provinciale du PNSM en Ituri.
« L’objectif de cette activité était de sensibiliser les leaders communautaires et les jeunes sur la nécessité d’intégrer la santé mentale dans le processus de réconciliation et de paix dans notre province», a expliqué la docteure Nyomi.
Selon elle, plus de trois décennies de conflits armés ont laissé des traumatismes profonds et souvent invisibles dans les esprits des habitants. Ces blessures psychologiques non prises en charge constituent un obstacle majeur à la réconciliation et au vivre-ensemble.
« Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de blessures intérieures et de traumatismes non traités. Cela empêche une réconciliation effective en Ituri », a-t-elle souligné.
Les jeunes et les adolescents seraient les plus touchés par ces troubles, selon les premières données du PNSM. Bien qu’une étude statistique soit encore en cours, les observations sur le terrain révèlent une hausse inquiétante des cas de troubles mentaux graves, liés notamment aux violences, aux déplacements forcés et à la consommation de substances psychoactives.
« Nous avons remarqué que beaucoup de jeunes présentent des signes de détresse mentale, aggravés par l’usage de drogues et d’alcool », a ajouté la coordonnatrice.
Le PNSM appelle la population à changer de mentalité et à considérer la santé mentale comme une priorité, au même titre que la santé physique.
« Nous demandons à chacun de prendre en compte l’aspect santé mentale pour garantir le bien-être individuel, familial et communautaire. Il faut raviver nos valeurs culturelles pacificatrices qui nous unissaient», a recommandé la docteure Nyomi.
Elle invite également les jeunes à réduire la consommation de substances psychoactives, identifiées comme l’une des principales causes des troubles mentaux en Ituri.
Les participants ont salué cette initiative, qu’ils jugent essentielle pour la reconstruction sociale d’une province longtemps meurtrie par la guerre. Plusieurs leaders de jeunesse ont promis de relayer le message dans leurs quartiers et d’organiser des séances de sensibilisation sur la santé mentale et la cohésion sociale.
Eugène Laro
