Dans un communiqué de presse publié le 25 avril à Kinshasa, le député national Furaha Uma Daniel a rejeté les arguments avancés par Jules Ngongo, porte-parole de l’armée et conseiller du gouverneur militaire de la province de l’Ituri. Lors d’un point de presse tenu à Mahagi, Jules Ngongo avait évalué à 80 % les réalisations sécuritaires de l’état de siège dans cette entité.
Pour l’élu de Mahagi, cette mesure exceptionnelle n’a pas apporté de solution durable à l’insécurité qui sévit dans la province de l’Ituri. Il estime que beaucoup reste à faire sur les plans sécuritaire, social et de développement.
Sur le plan sécuritaire, Furaha Uma Daniel souligne que la milice de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) continue de contrôler plusieurs groupements, notamment Are, Musongwa et Ruvinga, où elle organise une administration parallèle. La chefferie des Walendu Watsi demeure sous le contrôle de ces éléments inciviques, tandis que Berunda, une entité de la chefferie des Djukoth, est sous l’emprise des miliciens autodéfenses.
L’honorable Uma Furaha Daniel qualifie les propos de Jules Ngongo de « communication politique » plutôt que d’une « analyse objective ». Il déclare :
« En ma qualité de député national, élu du territoire de Mahagi, je me vois dans l’obligation de réagir à la récente déclaration du lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’état de siège en Ituri lors de son passage à Mahagi-centre. Dans ses propos relayés par les médias, il affirme que l’état de siège aurait atteint un taux de réalisation de 80 % à Mahagi tout en se permettant de se citer mon nom pour légitimer ce bilan. Face à cette sortie hasardeuse, je tiens à préciser que l’état de siège n’a pas apporté une solution durable et attendue à l’insécurité que traverse la province de l’Ituri. Il serait malhonnête de peindre un tableau exagérément optimiste de la situation sécuritaire. La vérité, c’est que de nombreuses localités de l’Ituri demeurent en proie à l’instabilité, à l’insécurité et la peur permanente. Même à Mahagi, certaines zones autrefois troublées restent vulnérables. Les groupes armés n’ont pas disparu, au contraire, ils se sont augmentés et les causes profondes du conflit ne sont pas encore traitées. Par conséquent, parler de 80 % de réussite relève d’un exercice de communication politique et non d’une analyse objective. »
Sur le plan du développement, Furaha Uma Daniel précise que les projets en cours dans la province de l’Ituri, tels que le projet de développement des 145 territoires, sont entièrement financés par le budget national grâce aux plaidoyers des élus. Il appelle l’administration militaire à rendre compte de la gestion des fonds propres et à présenter, chiffres à l’appui, les projets financés sur fonds provinciaux ainsi que leurs coûts exacts.
Pour rappel, lors de sa mission d’itinérance le 21 avril à Mahagi, Jules Ngongo avait affirmé que l’état de siège avait permis de pacifier plusieurs régions de l’Ituri, malgré la persistance de poches d’insécurité. Il avait également évoqué des avancées considérables sur le plan du développement, notamment l’asphaltage de la voirie urbaine de Bunia et des projets similaires pour les chefs-lieux des territoires de l’Ituri.
Jean Maurice Udaga