Le député national Maître Paul Babangu Wababu, réélu dans le territoire d’Irumu (province de l’Ituri), a adressé une lettre ouverte à la Première Ministre de la République démocratique du Congo, l’appelant à intervenir face à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région. Il dénonce une insécurité chronique alimentée par des groupes armés locaux, aggravée par la présence sporadique des ADF, et alerte sur les conséquences humanitaires et sociales de cette crise.
« En ma qualité de Député National, réélu du territoire d’Irumu en province de l’Ituri, je me fais le porte-voix de milliers de citoyens meurtris, abandonnés et pris en otage par une insécurité chronique qui gangrène notre province. À travers cette lettre ouverte, je vous interpelle avec gravité et espoir, dans l’attente d’une réponse courageuse et structurée de votre haute autorité », écrit-il.
Dans sa correspondance, le parlementaire souligne que, contrairement au Nord-Kivu confronté à l’agression du M23 soutenu par un État voisin, l’Ituri est en proie à une guerre asymétrique. Des milices enracinées dans les communautés locales se fondent parmi les civils, rendant les interventions militaires classiques inefficaces. Il plaide pour une approche adaptée, centrée sur les réalités locales et les besoins des populations.
« Cette configuration particulière exige une réponse spécifique, contextualisée et profondément humaine. Il ne s’agit pas seulement de déployer des troupes, mais de reconstruire la confiance, de réparer les blessures, et de réconcilier les cœurs », insiste-t-il.
Pour sortir l’Ituri de cette spirale de violence, Paul Babangu propose une série de mesures concrètes en faveur d’une paix durable :
- La tenue d’une table ronde inclusive réunissant les leaders communautaires, religieux, traditionnels, ainsi que les jeunes et les femmes, afin d’identifier les causes profondes du conflit et de proposer des solutions endogènes.
- L’organisation de dialogues intra et intercommunautaires pour restaurer la confiance, réduire les tensions et favoriser la cohabitation pacifique.
- La relance du programme PDDR-S (désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants), assortie de mécanismes économiques et sociaux pour décourager l’enrôlement dans les milices.
- La mise en œuvre d’une justice transitionnelle pour reconnaître les victimes, juger les responsables et lutter contre l’impunité.
- La promotion de la réconciliation à travers des initiatives culturelles, éducatives et communautaires visant à reconstruire le tissu social.
Le député conclut en affirmant que la paix ne saurait être imposée par la seule force militaire, mais doit être bâtie par les Ituriens eux-mêmes, avec le soutien de l’État et des autorités nationales. Il exhorte la cheffe du gouvernement à faire de la sécurité et de la réconciliation en Ituri une priorité nationale.
Heri Budjo Joël
