En séjour à Beijing, en Chine, pour prendre part à la 9ème édition du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC2024 ) qui s’est tenu du 4 au 6 septembre 2024, le Chef de l’état congolais Félix Tshisekedi n’as pas gardé sa langue dans sa poche sur les tensions qui déchirent la Chine et Taïwan dans le continent asiatique.
Depuis 1949, le régime de Pékin considère Taïwan comme une province sécessionniste et s’est engagée à réunifier cette île d’environ 24 millions d’habitants et d’une superficie de 35 980 kilomètres carrés, à la Chine continentale par un ensemble de moyens non seulement diplomatiques mais aussi militaires.
Alors que la démarche chinoise est critiquée par plusieurs pays du monde, notamment les États-Unis d’Amérique qui reconnaît l’État indépendant et souverain de Taïwan, la Republique démocratique du Congo à travers son Président Félix Tshisekedi, donne un coup de main au Président chinois Xi Jinping.
«Je souhaite réaffirmer l’engagement indéfectible de la RDC envers la politique d’une seule Chine en reconnaissant que Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois», a affirmé le Président Félix Tshisekedi dans son discours dont l’extrait est publié sur le compte X de la présidence.
Causes stratégiques pour Pékin de reconquérir Taïwan
Plusieurs experts et plusieurs commentateurs ont souligné, avec raison, les motivations stratégiques de Pékin. Premièrement, le savoir-faire technologique des entreprises taïwanaises, qui produisent à elles seules près de 90% de semi-conducteurs les plus avancés dans le monde. Ces pièces, indispensables à la Chine et au reste du monde, sont au cœur du fonctionnement des appareils électroniques modernes, des téléphones cellulaires jusqu’aux systèmes antimissiles.
Deuxièmement, il est question de «briser» la première chaîne d’îles. Concept stratégique américain, cette «frontière» naturelle commence au Japon et traverse les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie. Elle vise à barrer l’accès au Pacifique à la marine chinoise. Stratégie soutenue par une présence militaire américaine dans la région indo-pacifique, grâce à des installations et à tout un système d’alliances. La conquête de Taïwan permettrait de «fragiliser» la première chaîne d’îles. La Chine aurait ainsi un meilleur accès au Pacifique et pourrait, ultimement, atteindre la côte ouest des États-Unis avec ses sous-marins à propulsion nucléaire.
Les causes historiques
Il est au important de retracer une brève histoire entre la Chine et l’île de Taïwan.
Les premiers habitants de Taïwan, selon la BBC, seraient des peuples austronésiens originaires d’Océanie, d’Asie du sud-est et de certaines régions de l’actuelle Chine méridionale.
En 232 après J-C, l’île a été enregistrée pour la première fois dans les archives chinoises après que la Chine a envoyé une force expéditionnaire pour explorer l’endroit. C’est un fait que Pékin utilise pour étayer ses revendications territoriales.
Taïwan est devenue une colonie néerlandaise pendant une courte période, entre 1624 et 1661. Elle a ensuite été administrée par la dynastie Qing, la dernière dynastie impériale chinoise, de 1883 à 1895.
Comment la Chine a perdu Taïwan ?
L’île de Taïwan située au sud-est de la Chine continentale, est particulièrement conquise par les Mandchous de 1683 à 1895 sous la tutelle des Qing, puis cédée au Japon, par le traité de Shimonoseki (1895), à la suite de la première guerre sino-japonaise. Puis la Taïwan avait été réintégrée à la République de Chine en 1945, à la suite de la capitulation de l’empire japonais.
Mais la guerre civile chinoise, qui avait commencé en 1927, s’est poursuivie après la seconde guerre mondiale et, quelques années plus tard, les troupes du gouvernement de Chiang Kai-shek (un soldat et homme d’État, chef du gouvernement nationaliste en Chine de 1928 à 1949, puis chef du gouvernement nationaliste chinois en exil à Taïwan) ont été vaincus par les forces communistes dirigées par Mao Zedong (un homme d’État et chef militaire chinois né le 26 décembre 1893 à Shaoshan et mort le 9 septembre 1976 à Pékin).
Chiang et ce qui restait de son gouvernement nationaliste du Kuomintang (KMT) se sont ensuite réfugiés sur l’île de Taïwan en 1949, proclamant la République de Chine sur ce territoire et affirmant qu’ils en demeuraient le gouvernement légitime.
Le Président Lee Teng-hui, connu comme le « père de la démocratie » à Taïwan, a mené les changements constitutionnels qui ont conduit à l’ouverture politique et finalement à l’élection du premier président n’appartenant pas au KMT, Chen Shui-bian, en 2000.
Loi anti-sécession de 2005
Chen a été réélu en 2004, ce qui a incité la Chine à adopter en 2005 la loi dire anti-sécession, déclarant le droit de la Chine à recourir à des « mesures non pacifiques » contre Taïwan si celle-ci tentait de se séparer officiellement de la Chine continentale.
En 2008, Ma Ying-jeou a été élu président et a cherché à améliorer les relations, notamment par le biais d’accords économiques. Cette même politique de reconquérir Taïwan est développée par Xi Jinping, actuel président de la République populaire de Chine depuis 2013. Il apparaît comme le dirigeant chinois le plus puissant et le plus autoritaire depuis Mao Zedong. Rompant avec l’effacement relatif de ses prédécesseurs, il fait modifier en 2018 la Constitution pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels, pouvant ainsi rester au pouvoir pour une durée indéterminée.
Huit ans plus tard, en 2016, Tsai Ing-wen, l’actuel présidente de Taïwan, a été élue. Avec le soutien des États-Unis, elle résiste à la démarche de Xi Jinping de réunifier la Taïwan.
Les États-Unis et Taïwan
Bien qu’il n’existe pas de liens officiels entre Taïwan et les États-Unis, Washington s’est engagé à fournir des armes défensives à Taïwan.
En 2018, la Chine a fait monter la pression sur les entreprises internationales, les obligeant à mentionner Taïwan comme faisant partie de la Chine sur leurs sites web.
Dans le cas contraire, la Chine a menacé de freiner leurs ambitions commerciales dans le géant asiatique. Alors que nombreux taïwanais jurent pour l’indépendance de leur île, cependant le statu quo demeure. Pas de déclaration d’indépendance ni d’unification avec le continent.
Taïwan non reconnue comme un État par l’ONU
En septembre 2023, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le vice-président chinois Han Zheng a répété la position chinoise selon laquelle Taïwan est une «partie inaliénable» de la Chine et qu’une «réunification» pacifique est toujours leur objectif. L’adhésion de Taïwan à l’ONU reste bloquée, et L’organisation des Nations Unies maintien sa ligne : un siège, pas deux, soit seule la Chine a son siège au sein de l’Organisation.
Les pays qui soutiennent Taïwan
Les Alliés traditionnels et stables de Taïwan comprennent les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La guerre entre la Chine et Taïwan est loin de prendre fin.
Rédaction