Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a exprimé son indignation face à l’accueil chaleureux réservé au ministre des Affaires étrangères du Rwanda lors de son arrivée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Cet accueil, marqué par des honneurs militaires, a suscité une vive réaction de la part de Kamerhe et des députés nationaux.
Lors de la plénière du jeudi 7 novembre 2024, consacrée à l’examen du projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, Kamerhe a dénoncé la présence du gouverneur militaire et de l’inspecteur provincial de la police au garde-à-vous pour accueillir le chef de la diplomatie rwandaise.
« Dans la ville martyre de Goma, nous recevons le ministre des Affaires étrangères du Rwanda et c’est notre gouverneur militaire qui est au garde-à-vous ? Avec l’inspecteur provincial de la police, non, ça nous disons non », a-t-il déclaré.
Le président de la chambre basse du parlement a chargé Samuel Mbemba, vice-ministre de la Justice et Contentieux International, de transmettre ce sentiment d’indignation à Judith Suminwa, la Première ministre et cheffe du gouvernement congolais. Kamerhe a insisté sur le fait que bien que la visite du ministre rwandais ne soit pas en soi problématique, les honneurs militaires qui lui ont été réservés sont inappropriés.
«Transmettez cela à Madame la Première ministre. Tous les députés nationaux sont indignés par ça. Le ministre des Affaires étrangères du Rwanda arrive à Goma, ce n’est pas mauvais puisque nous sommes pour la paix. Et nous soutenons le processus de Luanda pour que ça aboutisse très vite. Mais que vous puissiez lui donner autant d’honneurs, je considère pour moi que c’est très grave et que nous ne savons pas ce que nous faisons. ».
Et d’ajouter « Nous [congolais] n’avons même pas besoin d’avoir des honneurs quand nous allons au Rwanda ».
Le mardi 5 novembre 2024, à Goma, Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, avait reçu des honneurs militaires de la part du général Peter Cirimwami et d’autres responsables à l’occasion du lancement officiel du mécanisme ad-hoc de vérification dans le cadre du processus de Luanda.
Ce mécanisme vise à assurer le suivi du cessez-le-feu conclu entre la RDC et le Rwanda et à recueillir les accusations entre les deux pays.
Cette situation a été largement critiquée par plusieurs analystes qui estiment que la RDC a mal communiqué sur l’image qu’elle projette vis-à-vis du Rwanda, surtout en cette période de tensions. La réaction de Kamerhe reflète un sentiment partagé par de nombreux députés nationaux et citoyens congolais, qui appellent à une gestion plus prudente des relations diplomatiques avec le Rwanda.
Heri Budjo Joël