Au moins 129 détenus de la prison centrale de Makala ont été tués au cours d’une tentative d’évasion survenue dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
Selon le gouvernement congolais, il y a eu 24 détenus morts par balles, d’autres sont décédés dans des bousculades ou par étouffement. Il y a eu 59 blessés, pris en charge par l’Etat ; et quelques détenues violées.
Un bilan macabre qui provoque une vague d’indignation dans l’opposition et dans la société civile mais aussi au niveau international. Des acteurs ont dénoncé «l’assassinat», le «massacre», ou encore le «carnage», pointant l’irresponsabilité des autorités étatiques qui ne respectent pas la vie humaine.
Des réactions
La société civile et l’opposition politique dénoncent la violence et la répression des forces de sécurité et demandent une enquête indépendante sur les circonstances de ce drame.
L’opposant congolais, Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République n’a pas hésité à qualifier cet événement de «massacre», sur son compte X, mardi 3 septembre 2024. Katumbi a déploré ce qu’il considère comme une grave atteinte aux droits humains.
L’ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Barlanga Martinez, dans une declaration ce mercredi 4 septembre à Bunia où il sejourne, parle d’une «tragédie», et condamne fermement la «violation atroce contre les femmes détenues».
Dans un communiqué conjoint le mardi 3 septembre, la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) et le Réseau des Défenseurs des Droits Humains et de Lutte Contre la Corruption (RDDH-LC) réclament l’interpellation du directeur de la prison de Makala, du ministre de la Justice, du ministre de l’Intérieur, ainsi que des responsables des services de renseignements civils et militaires, suite au «carnage» survenu la nuit de dimanche à lundi, lors d’une intervention «violente des forces de sécurité contre une tentative d’évasion».
Cet événement, qui a choqué tant au niveau national qu’international, a capté également l’attention des autorités belges. L’ambassadrice de la Belgique en RDC attend désormais les résultats de l’enquête en cours pour faire la lumière sur ce drame et établir les responsabilités.
Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits Humains (BCNUDH) salue l’ouverture d’une enquête par les autorités et souhaite qu’elle soit prompte et transparente. Le BCNUDH invite les autorités à traduire devant la justice les auteurs des crimes et violations des droits humains qui y sont survenus, quelles que soient leurs fonctions. Dans le cadre de son mandat, le BCNUDH dit être prêt à fournir toute l’assistance nécessaire lorsque celle-ci aura été formellement requise par les autorités judiciaires.
Après cet événement, la prison de Makala est officiellement fermée aux visites. L’armée quadrille le périmètre et ses effectifs ont été renforcés autour de la prison. L’électricité a été rétablie mardi et les premières livraisons de vivres ont également eu lieu mardi, alors que les détenus sont restés sans manger depuis dimanche soir, car la cuisine et le dépôt alimentaire ont été touchés par l’incendie.
Rédaction