L’image est saisissante et pourtant bien réelle : des hommes armés, identifiés comme membres de la milice CODECO, circulent en plein jour dans la région de Kwadroma, vêtus d’uniformes flambant neufs des FARDC, insignes de grade inclus. Ce n’est pas une simple provocation, mais une stratégie soigneusement pensée pour semer le doute et fragiliser l’autorité de l’État.
Une subversion visuelle qui brouille les repères
Par cette opération, les miliciens cherchent à manipuler les perceptions. Revêtir les habits de la République, c’est s’approprier un symbole de légitimité et d’ordre, infiltrer l’espace public et miner la confiance des citoyens envers l’armée régulière. Dans un contexte de violences prolongées, cette ambiguïté visuelle met en péril la collaboration entre la population et les forces de sécurité.
D’où viennent ces uniformes ?
Une question essentielle demeure : comment ces groupes armés ont-ils pu obtenir ces uniformes ? Leur provenance soulève plusieurs hypothèses troublantes : détournement interne, contrefaçon locale ou infiltration des réseaux logistiques des FARDC. Une enquête approfondie est indispensable pour clarifier cette situation et éviter que ce phénomène ne se répète.
Restaurer l’autorité et redonner du sens aux symboles
La reconquête de l’Ituri par l’État ne peut se limiter aux seules opérations militaires. Il est crucial de restaurer la crédibilité des institutions et de redéfinir des repères clairs entre l’ordre républicain et l’illégalité. Cela passe par des actions urgentes, telles que :
- Sécuriser la chaîne de distribution des équipements militaires ;
- Renforcer la lutte contre l’imitation et la fraude ;
- Sensibiliser les populations locales pour mieux distinguer les véritables forces de l’ordre ;
- Sanctionner sévèrement tout membre des FARDC impliqué dans des complicités logistiques.
La guerre des apparences
En Ituri, la guerre ne se limite plus aux affrontements armés. Elle se joue aussi dans les symboles, les apparences et les uniformes. Si des groupes armés peuvent revêtir, ne serait-ce qu’un instant, les couleurs de l’État, c’est qu’une ligne rouge a été franchie.
Face à cette menace, il est impératif de réaffirmer la valeur de l’uniforme et la souveraineté de l’État. Faute de quoi, ces milices pourraient non seulement usurper l’apparence du pouvoir, mais aussi s’en proclamer les véritables représentants.
Rédaction