La pisciculture en Ituri suscite un intérêt croissant en raison de son potentiel économique, mais peine à s’imposer face à des défis structurels majeurs. C’est ce qui ressort de la conférence scientifique tenue ce jeudi 5 juin 2025 à l’Université Shalom de Bunia (USB), où experts et chercheurs ont dressé un état des lieux de cette filière en quête de structuration.
Grâce à ses nombreux cours d’eau, la province de l’Ituri dispose d’atouts naturels propices au développement de l’aquaculture. Pourtant, malgré ces conditions favorables, le secteur reste marqué par une faible structuration et une rentabilité insuffisante.
Lors de la conférence, trois spécialistes ont apporté leur éclairage sur les défis et perspectives de la pisciculture locale :
– Professeur Pascal Masilya Mulungula (ISP Bukavu) a mis en avant les stratégies de gestion et d’optimisation des ressources piscicoles.
– Professeur Way Alege (USB) a souligné la nécessité d’une exploitation responsable des ressources naturelles.
– Msc. Salomon Bwirabuciza Luhinzo (USB et Université du Burundi) a dressé un état des lieux des facteurs biologiques, physiques et sociaux influençant la pisciculture régionale.
Malgré des perspectives encourageantes, plusieurs obstacles freinent l’expansion du secteur. La vétusté des infrastructures routières complique l’acheminement des produits, tandis que le manque de financements et de formations limite la rentabilité des exploitations. À cela s’ajoute la dégradation progressive de certains cours d’eau, notamment la rivière Ituri, menaçant la durabilité de l’activité.
Les experts s’accordent à dire que pour faire de la pisciculture un véritable moteur économique, il est impératif d’adopter une approche plus structurée et orientée vers l’investissement. Parmi les recommandations essentielles :
– Faciliter l’accès aux financements pour soutenir les pisciculteurs et encourager des exploitations commerciales viables.
– Renforcer les formations techniques afin d’optimiser les pratiques de production.
– Favoriser l’intégration de la pisciculture aux autres secteurs agricoles et économiques pour stimuler une croissance harmonieuse.
L’adaptation d’espèces locales comme le tilapia et le clarias pourrait aussi jouer un rôle clé dans l’amélioration de la production. L’Université Shalom de Bunia, moteur de cette réflexion, se positionne comme un acteur clé pour accompagner la structuration de cette filière.
Si ces recommandations sont mises en œuvre, la pisciculture en Ituri pourrait non seulement générer des revenus substantiels, mais aussi offrir des bénéfices durables aux communautés locales. Un secteur à surveiller de près dans les années à venir.
Eugène Laro