Les États-Unis ont proposé aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU d’envisager toutes les options possibles, y compris la révision du mandat de la Monusco, qui ne reflète plus l’environnement opérationnel face aux exactions du M23/AFC, lors d’un briefing ouvert du Conseil tenu le jeudi 27 mars 2025.
« Alors que le M23 commet des exactions à Goma, cette situation n’est pas tenable. Si la Monusco ne peut exécuter son mandat et protéger les civils dans les zones contrôlées par le M23, nous, membres du Conseil, devrions envisager toutes les options possibles, y compris une révision du mandat de la mission qui ne reflète plus l’environnement opérationnel« , a plaidé la représentante des États-Unis à l’ONU.
A cette occasion, les États-Unis ont dénoncé les discours plus antagonistes émanant de représentants du gouvernement rwandais et du M23, soutenus par le Rwanda, notamment des menaces visant les dirigeants de la Monusco et les fausses allégations selon lesquelles la Monusco appuierait les FDLR.
« Ces déclarations sont inacceptables, irresponsables, surtout en provenance du Rwanda, qui est un grand contributeur au maintien de la paix. Les États-Unis condamnent vigoureusement les avancées du M23 et des forces de défense rwandaises dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu« , s’est-elle insurgée.
L’ambassadeur de la RDC à l’ONU a, quant à lui, signifié aux membres du Conseil qu’après le vote de la résolution 2773, aucun soldat rwandais ne s’est retiré du territoire de la République démocratique du Congo, aucun élément du M23/AFC ne s’est retiré de Goma et Bukavu ou des autres zones contrôlées, et aucune administration parallèle illégitime n’a été démantelée.
Bien au contraire, a-t-il laissé entendre : « On assiste chaque jour à un renforcement des positions de la coalition RDF/M23/AFC, qui poursuit inlassablement sa course expansionniste et criminelle dans un élan de défi au Conseil de sécurité, tordant ainsi le cou à toutes les initiatives de paix menées par les blocs régionaux et autres. »
La France, à travers son représentant Nicolas de Rivière à l’ONU, a déploré le fait que, malgré le vote à l’unanimité de la résolution 2773 du 24 février 2025, les affrontements quotidiens se répètent sur la ligne de front. Les exactions contre les civils, les violations des droits de l’homme, les violences sexuelles se multiplient, et le risque d’embrasement de la région des Grands Lacs demeure.
Mme Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (MONUSCO), a fait part d’un contexte politique et sécuritaire tendu dans le pays, en raison de l’expansion dans l’est de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par la Force de défense rwandaise (FDR).
« Dans ce contexte, la situation des droits humains se détériore gravement, en particulier pour les femmes et les enfants, qui demeurent les principales victimes au Nord-Kivu et en Ituri, avec des violations graves concernant 403 enfants, dont 90 filles, rien qu’entre le 1er décembre 2024 et le 28 février 2025. Ces violations incluent des enlèvements, meurtres, mutilations, recrutements forcés, attaques contre des écoles et violences sexuelles« , a précisé Mme Keita.
En Ituri, parallèlement à la menace posée par les ADF, les affrontements entre la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et les groupes armés zaïrois se sont intensifiés, notamment dans les territoires de Djugu et de Mahagi. L’annonce par Thomas Lubanga Dyilo, ancien condamné par la CPI, de la création d’un nouveau mouvement politico-militaire, la Convention pour la révolution populaire (CRP), en Ituri, menace également les civils et la sécurité régionale, s’est alarmée la représentante spéciale.
Rédaction