La décision de l’Union européenne d’interdire l’exportation de café et cacao congolais vers ses pays membres est un appel à l’action pour le gouvernement de la République démocratique du Congo. Cette décision incite à une réévaluation de la gouvernance du secteur café-cacao en s’inspirant du rapport du forum sur les stratégies d’exportation organisé par la province de l’Ituri en août 2020.
«Le Gouvernement de la République est appelé à s’inspirer des recommandations stratégiques issues du forum sur la mise en place des stratégiques d’exportation du Café et Cacao que la province de l’Ituri avait organisé, en août 2020 sous le Gouvernement provincial civil à l’époque afin de l’adapter au contexte actuel pour arriver à relever les défis auxquels ce secteur fait face», s’est confié à visibilitemediapro.cd, le ministre provincial honoraire de l’Ituri en charge de l’agriculture, Dramani Pilo, le samedi 04 janvier 2025.
A lui d’ajouter : «Dans ce contexte, le gouvernement devrait penser à une réglementation rigoureuse des activités dudit secteur, tout en se focalisant aussi bien sur la certification internationale de produits café et cacao congolais, qu’en apportant des soutiens effectifs aux acteurs de la chaîne des valeurs café-cacao».
Cet avocat d’affaires spécialisé en droit agroalimentaire et halieutique a également recommandé au gouvernement de la République de mettre un accent particulier sur l’amélioration du climat des affaires, qui peut attirer les investisseurs des différents horizons, non seulement de l’UE, mais aussi des USA et du Moyen-Orient, pour s’installer même au niveau local afin d’assurer la commercialisation des différents produits agricoles dans un environnement concurrentiel.
«Les dividendes de la concurrence pourraient renforcer d’une part la question de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) à intégrer des considérations d’ordre social, environnemental et économique pour la pratique d’une agriculture durable et intelligente de manière à conserver les ressources naturelles pour la génération présente et future», a-t-il fait savoir.
D’autre part, a-t-il poursuivi : «La mise en œuvre de la RSE doit être fondée sur les aspirations légitimes de la population à une gouvernance stratégique économique transparente susceptible de favoriser la structuration et l’encadrement des producteurs locaux qui sont les principaux acteurs dans cette chaîne».
Me Dramani Pilo Guerschom a laissé entendre que l’encadrement des producteurs et autres acteurs de la chaîne devrait aussi tenir compte de leur sécurisation tant sur le plan juridique et politique, ainsi que de l’amélioration du climat des affaires qui consiste à la suppression des obstacles à la commercialisation des produits, notamment les barrières des tracasseries administratives et sécuritaires ainsi que les perceptions des taxes et frais d’interventions ou administratifs illégaux aux postes frontaliers, qui engagent la responsabilité extracontractuelle et pénale des auteurs de ces pratiques illicites.
«Bref, à travers une analyse économique de droit dans le secteur Café-Cacao, cette décision de l’UE replace d’une part l’État congolais au centre de la gouvernance dudit secteur et d’autre part rappelle aux différents acteurs leur responsabilité sociétale. D’où une régulation économique soutenue de ce secteur qui pourra aussi tirer profit de l’adhésion de la RDC au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Cette régulation soutenue permettra à long terme à la RDC de se réserver le droit à la réciprocité quant à la décision de l’UE», a-t-il conclu.
Rédaction