Les communautés Lese et Nande du territoire d’Irumu ont décidé de fumer le calumet de la paix et de privilégier le dialogue pour résoudre leurs différends.
En conflit depuis 2022, les Lese et Nande ont enterré la hache de guerre grâce aux efforts conjoints des autorités provinciales et de la MONUSCO.
« Ce n’était pas facile, tant la violence, la haine et les rancœurs avaient atteint un tel niveau entre ces deux communautés », déclare un habitant de la chefferie des Basili dans le territoire d’Irumu.
En octobre 2022, un conflit sur la gestion des terres avait opposé les Lese aux Nande dans les groupements de Bokutsu et Bandiangu. Plusieurs décès avaient été enregistrés, avec des incendies de maisons, destructions de récoltes, et déplacements massifs de cultivateurs, entraînant une haine et une méfiance accrues entre les deux parties.
En avril 2023, un processus de réconciliation est initié par les autorités provinciales avec l’accompagnement de la MONUSCO, à travers l’organisation de dialogues intra et intercommunautaires. Ceux-ci ont abouti à la signature, en juin 2023, d’un accord de paix entre les communautés Lese et Nande.
Ce lundi 11 novembre 2024, un atelier d’évaluation des activités du comité de suivi de cet accord et de renforcement des capacités de ses membres s’est ouvert à Komanda, à 75 km au sud de Bunia.
Plus de 150 participants, en majorité des agriculteurs, participent à cet atelier consacré à la cohabitation pacifique entre les communautés locales des chefferies de Walese Vonkutu et Basili dans le territoire d’Irumu.
Cette rencontre, initiée par les autorités territoriales avec le soutien technique et financier de la MONUSCO, a pour but d’évaluer les activités réalisées dans le cadre de l’accord de juin 2023.
Selon le président du comité de suivi de cet accord, de nombreuses avancées ont été enregistrées en une année. On note le retour dans leurs milieux d’origine de quelque 708 cultivateurs parmi les 1024 identifiés et qui avaient fui la zone. Il y a aussi la cohabitation pacifique entre les deux communautés qui se fréquentent désormais.
Dieudonné Malangayi cite également la réouverture du marché de Mambedu dans le groupement de Bandiangu, qui avait dû fermer à cause des violences intercommunautaires de 2022.
Des avancées significatives donc, saluées par les participants au terme du premier jour de cet atelier qui va durer quatre jours.
« Il y a des avancées, et s’il y a des avancées, il y a aussi des défis. Parmi les avancées, il y a d’abord le retour de la cohabitation pacifique et de la cohésion sociale entre les communautés Lese et Nande. Et à part ces deux communautés, il y a d’autres communautés encore dans la chefferie des Walese-Vonkutu. Pour le moment, on est en train de voir ces deux communautés cultiver la cohabitation pacifique… La MONUSCO nous accompagne dans toutes les activités que nous menons, depuis l’installation du bureau du comité de suivi au centre de Komanda », affirme Dieudonné Malangayi, président du comité de suivi de l’accord de 2023.
L’administrateur du territoire d’Irumu, quant à lui, salue ces avancées, notamment le retour de nombreux déplacés.
Le colonel Jean Siro Nsimba invite la population à « pérenniser les acquis » de l’accord de juin 2023, tout en renforçant la collaboration avec les services de sécurité pour éradiquer les rebelles des ADF et d’autres groupes armés locaux qui créent l’insécurité dans la zone. Car si la paix est revenue dans cette zone, il reste encore des défis à relever, notamment sur le plan sécuritaire.
Heri Budjo Joël