Le 10 octobre de chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale de la santé mentale. En Ituri, à l’Est de la RDC, une région marquée par la guerre, la population vit constamment avec les traumatismes, le stress et la stigmatisation, ce qui l’expose à de graves crises dans un contexte déjà difficile.
Pour prendre en charge la santé mentale des personnes affectées, grâce aux efforts du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en appui au Programme national de la santé mentale (PNSM), la Division provinciale de la santé de l’Ituri (DPS) dispose désormais de services de santé mentale et de soutien psychosocial dans certains centres de santé de la province, notamment à Rubingo, Tchabi, Nyakunde, Kilo, ainsi qu’un centre de réadaptation physique au centre de santé de Rwankole en ville de Bunia.
Ces précisions ont été fournies par Frederik Sostheim, chef de sous-délégation du CICR à Bunia, à l’occasion de la clôture d’un atelier de deux jours, organisé par le CICR du mercredi 9 au jeudi 10 octobre 2024, en faveur d’une vingtaine de journalistes des médias communautaires de Bunia, en prélude à la Journée mondiale de la santé mentale.
Frederik Sostheim a appelé les journalistes à travailler dans l’intérêt des personnes affectées, tout en sensibilisant la population locale sur cette maladie qui n’épargne personne ayant un cerveau. Pour lui, les conflits armés sont à l’origine des séquelles psychologiques chez les personnes impactées par les violences.
«Conscient de votre influence et celle de vos médias respectifs, cet atelier est pour le CICR une occasion de vous mobiliser pour l’intérêt des personnes affectées. Par conséquent, je suis confiant, au regard de la qualité des échanges, que la santé mentale est désormais intégrée dans les priorités éditoriales de vos médias, en majorité communautaires,» a-t-il reconnu.
En ville de Bunia, les statistiques des centres neuro-psycho-pathologiques montrent que plus de 950 cas de troubles mentaux ont été répertoriés pour l’année en cours. Au centre Santé Mentale Lobiko (SAMELO), situé au quartier Kindia, environ 918 cas ont été enregistrés, selon Madame Lydie, l’une des psychiatres de cette structure sanitaire.
Selon la responsable de cette structure, cette maladie prend de l’ampleur dans cette province à cause de la persistance de la guerre et ses conséquences notamment le traumatisme et les tueries. Mais aussi la consommation des stupéfiants, les maladies chroniques.
Pendant ce temps, le Centre Neuro-Psycho-Pathologique (CNPP), sis au quartier Bigo, dénombre environ 70 cas. Nadège Musimege, docteur spécialiste en santé mentale au CNPP, indique que la propagation des images horribles circulant sur les réseaux sociaux, montrant des personnes tuées par armes à feu ou armes blanches, aggrave davantage les traumatismes des populations Ituriennes.
Il est important de noter que le stress, les traumatismes liés à la guerre, la stigmatisation, la consommation de stupéfiants, ainsi que les maladies chroniques comme le cancer, le diabète et le SIDA, sont des facteurs déclencheurs des troubles mentaux.
A préciser que les personnes âgées de 15 à 35 ans constituent la majorité des patients reçus dans ces centres neuro-psycho-pathologiques.
Denis Munguriek