Il y a six mois, la MONUSCO lançait un projet de pisciculture en cages flottantes à Tchomia, à 62 km au sud de Bunia, dans le but de réduire les violences communautaires et de lutter contre le chômage grâce à la création d’emplois temporaires. Ce programme bénéficie à 100 personnes, dont 50 femmes vulnérables et 50 ex-combattants.
Dans cette localité où la pêche constitue l’activité principale, la surexploitation du lac Albert a entraîné une diminution drastique des espèces de poissons. Selon la Division provinciale de la Pêche et de l’Élevage, sur 60 espèces recensées autrefois, seules 15 subsistent aujourd’hui.
Depuis six mois, le projet a permis l’insémination artificielle de 53 000 alevins-tilapia, la formation de bénéficiaires, l’installation de cages flottantes et le suivi environnemental.
Florent Gbombo Nzama, coordonnateur du Réseau des Associations pour le Développement Durable (RAD), explique : « Ce projet est novateur pour cette communauté de pêcheurs, souvent victime de tracasseries et de confiscations de matériel. Par ailleurs, la pêche traditionnelle présente des risques : attaques, noyades… Ce projet contribue à la réduction de ces dangers. »
Il souligne également que ce programme participe à la protection des zones de frayère et à la régénération des espèces : « De nombreux commerçants abandonnent les filets prohibés au profit des cages flottantes. Cela permet au lac de respirer et aux poissons de se multiplier. »
Les bénéficiaires se sont organisés en quatre groupements piscicoles, avec pour objectif de se structurer en coopératives et de favoriser la résilience des communautés.
Claude Uyergiu-Ujwiga, pêcheur et encadreur, se réjouit de cette initiative :
« Avec la pêche traditionnelle, on peut dépenser 5 000 $ en matériel et gagner peu. Ici, les coûts sont moindres et le rendement est bien meilleur. Ce projet a empêché de nombreux jeunes de rejoindre les groupes armés. »
Parmi eux, Lokolo Lumeri, ancien combattant, témoigne :
« Ce projet est tombé comme un fruit du ciel. Avant, je faisais du taxi-moto, mais cela ne me permettait pas de subvenir aux besoins de ma famille. Grâce à la pisciculture, mes revenus vont augmenter et je peux envisager d’acheter une maison. J’ai compris qu’on peut s’en sortir autrement que par les armes. »
Ce jeudi 12 juin 2025, la MONUSCO a inauguré au marché de Yambi à Bunia une chambre froide de 10 tonnes, dans le cadre du projet d’aquaculture, d’un coût global de 99 000 dollars.
Une vendeuse de poisson témoigne :
« Avant, nous achetions des blocs de glace chaque matin à 2 000 ou 4 000 Francs congolais, ce qui posait un problème de conservation. Cette chambre froide va changer notre quotidien. »
Lors de la cérémonie d’inauguration, Josiah Obat, chef de Bureau de la MONUSCO en Ituri, a souligné l’importance du projet :
« Ce programme est un signe d’unité, de réconciliation et de paix entre les populations. Nous souhaitons voir toutes les tribus vivre ensemble, car vous formez une seule famille. Tant que notre mandat sera renouvelé, nous resterons à vos côtés. »
Grâce à cette infrastructure, les commerçants de Tchomia à Bunia pourront désormais stocker et vendre du poisson frais, évitant ainsi les pertes liées à l’absence de moyen de conservation.
Visibilitemediapro/Monusco