Dans la province de l’Ituri, les femmes victimes de violences sexuelles vont bientôt bénéficier de l’appui des casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO).
L’annonce a été faite ce mardi 19 novembre 2024, à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, par le général Khar Diouf, commandant intérimaire de la Force de la MONUSCO, lors de sa visite au siège de l’ONG Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI).
Le docteur Elvis Mani de la SOFEPADI se réjouit de cet appui de la MONUSCO, à travers l’équipe médicale du contingent marocain de la Force, envers cette structure qui dispose d’une clinique gynéco-obstétrique appelée Karibuni wa Mama (Bienvenue aux mamans, en swahili), laquelle accueille des victimes de violences sexuelles et basées sur le genre depuis plusieurs années. Cependant, elle se trouve parfois confrontée à des cas plus difficiles nécessitant l’intervention d’autres spécialistes.
« Je pense que cette collaboration pourra nous être utile par rapport à sa spécialité, et il y a des cas spécifiques ; parfois, on peut être limité, on peut avoir besoin d’une expertise d’un spécialiste. Pour nous, ça sera un appui très important, parce qu’on pourra discuter des cas et voir les modalités de la prise en charge. Donc pour nous, la visite une ou deux fois par semaine sera un appui important ; ça nous permet de préparer les cas qui nous sont un peu complexes, et puis de discuter, d’échanger par rapport à ces cas pour trouver une solution… Je pense que ça pourra apporter un soulagement à leurs problèmes, parce qu’il y a des problèmes plus complexes que peut-être, nous n’avons pas les moyens de traiter. Il faut parfois transférer ailleurs, ce qui demande beaucoup de moyens, et ça pourrait vraiment être un bénéfice pour nos bénéficiaires d’être soignés localement avec une spécialité en place », a-t-il déclaré.
Concrètement, que vont apporter les casques bleus marocains de la MONUSCO à la SOFEPADI ? Le major Aimad Banou, officier de liaison (marocain) auprès des FARDC, explique :
« Tout d’abord, nous avons prévu de commencer par des séances de sensibilisation concernant le harcèlement sexuel, le viol et la violence conjugale. En premier lieu, nous nous sommes mis d’accord avec les médecins de la SOFEPADI pour organiser des consultations gratuites au profit de la population, vu le potentiel humain que nous avons dans le contingent marocain. Nous avons des professeurs, des médecins, des généralistes… Nous nous sommes mis d’accord pour organiser des séances de consultation gratuites une fois ou deux par semaine, selon les possibilités, à partir de la semaine prochaine. Pour les aides en médicaments et en matériel, nous attendons juste que l’aéroport soit opérationnel pour permettre l’atterrissage des cargos MONUSCO.
L’approvisionnement de notre hôpital se fait à partir du Royaume [du Maroc]. Une fois que l’aéroport sera opérationnel à 100%, nous pourrons fournir des médicaments et du matériel à l’hôpital. Pour le moment, ce que nous pouvons offrir, c’est notre savoir-faire et les consultations que nous pouvons donner à la population locale. C’est dans le cadre humanitaire qui constitue le pilier de notre mission : nous sommes ici d’abord pour la protection des civils, en tant que composante militaire, mais aussi pour apporter une aide sanitaire médicale à la République Démocratique du Congo. »
La SOFEPADI reçoit en moyenne 50 à 80 femmes victimes de violences sexuelles par mois. La moitié des victimes se présente au centre dans les 72 heures, qui sont le délai pour obtenir un traitement complet, c’est-à-dire les kits PEP post- expositionnels. Dans la plupart des cas, ce sont des victimes d’atrocités commises par des groupes armés, mais aussi par des civils et quelques hommes en uniforme, souvent incontrôlés. Parmi les victimes de violences sexuelles, figurent aussi des hommes, environ 1% des cas.
« Mais ce chiffre est sous-estimé, du fait que les hommes ne s’expriment pas, par pudeur et par peur de perdre leur notoriété, selon la coutume africaine », précise le docteur Elvis Mani.
Joël Heri Budjo et PIO MONUSCO Bunia