Le Cadre de Concertation de la société civile sur les Ressources Naturelles (CdC/RN) appelle à l’abandon définitif de tout projet futur visant à attribuer de nouveaux droits d’exploitation d’hydrocarbures.
Cette demande s’inscrit dans une série d’activités intitulées « Notre terre sans pétrole », lancée à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.
Outre cet appel, le CdC/RN et d’autres organisations non gouvernementales de défense des droits environnementaux appellent à l’annulation des deux contrats de partage de production relatifs aux blocs gaziers déjà signés.
Dans cette déclaration, le consortium de défense des droits de l’environnement indique que « telle exploitation aurait des conséquences désastreuses sur la vie des congolais, la sécurité alimentaire, la préservation de la biodiversité, les droits fonciers et les régimes de pêche ruraux, ainsi que sur la lutte contre le changement climatique. Elle irait également à l’encontre des lois nationales et des engagements pris par la RDC ».
« Le raccordement souhaité par les autorités congolaises présente un risque important pour les dizaines de milliers de personnes vivant directement ou indirectement des ressources du lac Albert, notamment en raison des dangers de pollution liés à l’exploitation pétrolière. Des organisations alertent également sur le fait qu’une exploitation des hydrocarbures pourrait exacerber les conflits armés déjà présents dans ces régions », note le document.
L’octroi des Contrats de Partage de Production (CPP) gaziers a été effectué sans consultation préalable des communautés environnantes, en violation de l’article 9 de la loi sur les principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement. Suite à l’annulation de l’appel d’offres sur les blocs pétroliers, le Ministre des Hydrocarbures a annoncé qu’un nouveau processus sera lancé prochainement, via un appel d’offres restreint.
Cette annonce suscite de vives préoccupations au sein de la société civile. Cette approche accroîtrait le risque d’accusations futures de corruption et de favoritisme.
« Nos inquiétudes sont d’autant plus grandes à la lumière des récentes révélations impliquant le Ministère des Hydrocarbures congolais, qui aurait promis ce processus restreint pour certains blocs à l’entreprise ClayHall Group DMCC en échange du financement d’une étude d’évaluation des bassins sédimentaires du pays. »
Face aux risques de dégradation environnementale et aux effets du changement climatique, dont la RDC est déjà l’un des pays les plus durement touchés, le consortium de défense des droits environnementaux réitère son appel à l’annulation complète de tous les projets d’exploration d’hydrocarbures, y compris les blocs gaziers, et exhorte à l’abandon de toute nouvelle initiative dans ce secteur.
Il est à noter que, suite aux efforts soutenus des organisations de la société civile, tant nationales qu’internationales, contre l’appel d’offres pétroliers et gaziers lancé le 28 juillet 2022 en RDC, le Ministre des Hydrocarbures a décidé, le 11 octobre 2024, d’annuler partiellement cet appel.
Cette première enchère visait à attribuer 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers dans des zones chevauchant les territoires de communautés locales et de peuples autochtones, ainsi que plusieurs aires protégées. Selon le ministère, l’annulation est motivée par plusieurs raisons liées aux offres : l’absence de candidatures pour certains blocs, des offres non recevables, des cas de dépôts tardifs, des offres inappropriées ou irrégulières et un défaut de concurrence.
Heri Budjo Joël