L’Association Culturelle ENTE, qui représente la communauté Hema non seulement de la République Démocratique du Congo (RDC) mais aussi du monde, lance un appel urgent face à la montée des violences dans le territoire de Djugu, province de l’Ituri. Dans un communiqué publié le 4 juin 2025, elle alerte sur les attaques répétées, le pillage, les tracasseries militaires et les arrestations arbitraires visant des civils innocents.
Alors que le conflit armé perdure, ENTE exhorte les autorités nationales et la communauté internationale à agir sans délai pour briser ce cycle de violences et instaurer une paix durable.
Villages attaqués, civils tués, bétail pillé : la terreur s’installe
Plusieurs localités de Djugu, dont Tchomia, Nyamamba, Joo, Virakpa, Lopa, Gina, Masumbuko et Nizi, seraient une fois de plus la cible d’attaques orchestrées par des milices armées, notamment la CODECO et des groupes affiliés aux ADF-NALU. Ces violences se traduisent par des assassinats, des enlèvements, la destruction de biens et le vol massif de bétail.
ENTE dénonce également des sanctions collectives infligées par certains éléments des Forces armées de la RDC (FARDC), notamment des restrictions économiques comme à Lopa, ainsi que des arrestations abusives fondées sur des accusations infondées d’affiliation aux milices.
« Notre peuple subit des amalgames dangereux et des représailles injustifiées. Il souffre dans un silence étouffant », affirme Maître Jean-Claude Ngadjole Ateényi, président national de l’ENTE.
Une gestion sécuritaire jugée partiale
Le communiqué critique une approche sécuritaire déséquilibrée, marquée par l’absence de réaction face à certaines attaques graves. À titre d’exemple, l’embuscade meurtrière attribuée à CODECO le 28 mai à Masumbuko, qui a coûté la vie à quatre personnes, dont un Hema, n’a suscité aucune enquête ou réponse officielle.
« Lorsque notre communauté est ciblée, la réaction est lente ou inexistante. Mais ailleurs, une simple rumeur d’affiliation à une milice déclenche une répression violente », déplore l’association.
Appel à l’unité et à une action immédiate
Malgré la gravité de la situation, ENTE réaffirme son attachement aux institutions républicaines et à l’unité nationale. Elle exprime son soutien au Président Félix Tshisekedi et se positionne comme un acteur de paix et de développement. L’association appelle à :
- Le déploiement d’une force conjointe efficace pour démanteler les groupes armés en Ituri ;
- Une réponse proactive des institutions nationales pour éviter une aggravation du conflit ;
- Une mobilisation internationale pour un accompagnement technique et diplomatique du processus de pacification ;
- Le renforcement de la cohésion intercommunautaire pour contrer toute tentative de manipulation et division ;
- L’unité et la dignité du peuple Hema, fidèle à ses valeurs et à ses dirigeants.
« La paix est un impératif pour le développement. Nous avons investi dans tous les secteurs de la vie nationale. Nous demandons simplement à vivre dignement, en sécurité et en paix », conclut le communiqué.
Une province à la croisée des chemins
Ce cri d’alarme survient dans un climat de frustration grandissante en Ituri, où les promesses non tenues et les opérations militaires inefficaces alimentent le sentiment d’abandon. Le gouverneur militaire de la province a récemment dénoncé la négligence du gouvernement central, avertissant des conséquences d’une telle inaction.
Dans ce contexte, l’inaction pourrait s’avérer plus dangereuse que le conflit lui-même. L’heure est à la mobilisation.
Heri Budjo Joël