
Les massacres de civils dans le territoire de Djugu semblent suivre un cycle infernal. Ce vendredi à l’aube, des miliciens de la CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) ont attaqué le site des déplacés de Djangi, dans la chefferie des Bahema-Nord, à 64 kilomètres au nord de Bunia, capitale provinciale de l’Ituri.
Le bilan provisoire fait état d’une dizaine de morts majoritairement des femmes et des enfants ainsi qu’une douzaine de blessés graves.
« Ils étaient nombreux avec des armes à feu et des machettes. Ils nous ont surpris, ils ont tué 10 déplacés, en majorité des femmes et des enfants. Il y a 11 blessés, dont 6 dans un état critique ; ils ont été transférés à Bunia par la MONUSCO pour des soins appropriés », a déclaré Richard Likana, responsable du camp de Djangi.
L’administrateur du territoire de Djugu, le colonel Ruffin Mapela, avance pour sa part un bilan plus lourd : « 11 morts précisant que « les Casques bleus de la MONUSCO ont fait de leur mieux pour empêcher le massacre, mais le pire est arrivé. »
Une attaque meurtrière en plein dialogue de paix à Aru
Alors que les négociations du dialogue « ARU2 » se tiennent depuis lundi à Aru-centre à 280 kilomètres de Bunia regroupant les leaders des groupes armés actifs en Ituri (CODECO, Zaïre/Autodéfense, FPIC, FRPI, MAPI, CHINI YA TUNA), cette attaque soulève de sérieuses questions sur l’engagement réel de la CODECO dans la recherche de la paix.
Des représentants des communautés locales, des ONG ainsi que des autorités civiles, militaires et policières prennent également part à ces assises.
Malheureusement, alors que leurs délégués étaient présents dans la salle de conférence Adia Lemi, les miliciens de la CODECO ont perpétré cette attaque le jour même de la signature du protocole d’accord pour le retour de la paix à Djugu et Irumu.
Cette contradiction entre engagement officiel et actions sur le terrain inquiète fortement. Les délégués de la CODECO et de la communauté Lendu ont exprimé leur désarroi, promettant « de mettre la main sur les auteurs de ce énième crime qui sape la cohabitation et le vivre-ensemble dans le territoire de Djugu. »
Suspension de participation au dialogue
Face à ce drame, les délégués des groupes Zaïre/Autodéfense et MAPI, ainsi que ceux des communautés victimes dont les Hema, ont décidé de quitter les assises le même jour de la clôture officielle.
« Nous suspendons notre participation au processus de paix d’Aru 2 pour une période de deuil », ont-ils déclaré.
Malgré cela, quatre des six groupes armés CODECO, FRPI, FPIC et CHINI YA TUNA ont signé le protocole d’accord au terme des cinq jours de discussions.
Rédaction
