La Nouvelle Société Civile du Congo (NSCC) dénonce l’imposition d’une taxe illégale depuis près de dix mois aux agriculteurs du territoire de Mambasa, en province de l’Ituri, par des présumés rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Cette alerte fait suite à une enquête menée dans la chefferie de Babila Bakwanza et rendue publique par la structure citoyenne.
Selon Jospin Mboa Paluku, porte-parole de la NSCC, ces combattants exigeraient des paiements réguliers aux paysans sous menace de représailles.
« Cela fait pratiquement dix mois qu’on perçoit cette taxe illégale sous les yeux de nos autorités », déplore-t-il, tout en se disant « surpris » par l’évolution des méthodes de ces groupes armés.
D’après les témoignages recueillis, les rebelles imposeraient une contribution de 10 dollars par personne et 25 dollars par hectare de champ de cacao pour permettre aux agriculteurs de travailler librement. Ceux qui refusent de s’acquitter de cette somme sont menacés ou empêchés d’exercer leurs activités.
Mais les exactions ne se limiteraient pas aux prélèvements forcés. La NSCC affirme que les ADF chercheraient également à imposer des conversions religieuses à l’islam.
« Ils conditionnent la paix dans les champs au paiement des droits et à la conversion religieuse », explique Jospin Mboa Paluku.
Des habitants rapportent que ceux qui refusent de se convertir sont intimidés, expulsés ou privés de leurs terres. Des règles vestimentaires auraient aussi été imposées, notamment aux femmes, sommées de se couvrir le visage et d’abandonner les mèches. L’élevage de porc serait interdit dans plusieurs localités sous leur contrôle.
Ces pratiques alimentent une forte psychose au sein de la population locale, déjà éprouvée par les violences armées. De nombreux agriculteurs ont déserté leurs champs, aggravant l’insécurité alimentaire dans la région.
Face à cette situation, la NSCC appelle les autorités congolaises à réagir rapidement.
« Nous demandons la reprise urgente des opérations de sécurité afin d’éradiquer ces groupes et de protéger la population », insiste Jospin Mboa Paluku.
La structure citoyenne recommande une approche intégrée, combinant réponse sécuritaire et action communautaire : sécurisation des zones agricoles, enquêtes sur les taxes illégales et accompagnement juridique et psychologique des victimes.
Elle sollicite également le soutien des organisations humanitaires et des médias locaux pour documenter les violations commises dans cette partie du territoire de Mambasa.
A ce jour, les autorités militaires et judiciaires n’ont pas confirmé l’implication directe des ADF dans ces faits. Toutefois, la NSCC et les communautés locales exhortent l’État à agir sans délai pour mettre fin aux prélèvements arbitraires et aux atteintes aux libertés religieuses et individuelles.
Eugène Laro
