Deux (2) anciens « chefs de guerre » de la province de l’Ituri au nord-est de la République Démocratique du Congo, élus députés provinciaux aux termes des résultats provisoires publiés en date du 23 janvier 2024 par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), sont remplacés sur la liste.
D’après la nouvelle liste consultée mardi 30 janvier 2024 par VMP sur le site internet de la centrale électorale, Thomas Lubanga qui a obtenu pour la circonscription électorale de la ville de Bunia 12.003 voix au compte du regroupement politique A2R, est remplacé par Pele Kaswara Tahigwomu tandis-que Yves Kahwa Panga Mandro ayant obtenu 9.113 voix à la circonscription électorale du territoire d’Irumu au profit du Mouvement de libération du Congo (MLC), est écarté en faveur de Faustin Mboma Babanilau.
Bien avant ces deux figures emblématiques ituriennes, ont été invaliditées par la Cour constitutionnelle pour compétir à la députation nationale.
En réaction par rapport à cette décision de la CENI qui découle de la loi électorale en son article 10 qui stipule « sans préjudice des textes particuliers, sont inéligibles: 1. les personnes privées de leurs droits civils et
politiques par décision judiciaire irrévocable ; 2. les personnes condamnées par décision judiciaire irrévocable pour crimes de guerre, crime de génocide et crimes contre l’humanité », le parti politique Mouvement de libération du Congo (MLC) par l’entremise de sa fédération de l’Ituri, a introduit une requête en contestation de seconds résultats provisoires des élections provinciales auprès de la Cour d’appel pour le compte de son candidat Yves Kahwa Mandro.
« En vue de prévenir toute éventualité, nous prenons l’avantage d’approcher votre autorité afin d’introduire le présent recours formé contre de seconds résultats des élections législatives provinciales en République Démocratique du Congo rendus public dans la nuit du 28 au 29 janvier 2024 », peut-on lire dans cette requête.
Elle précise d’après les faits « dans la nuit du 21 au 22 janvier 2024, le camarade Kahwa Panga Mandro Yves avait été proclamé par la Commission électorale nationale indépendante, élu député provincial dans la circonscription électorale de Irumu avec 9.113 voix obtenues.
Par contre, le camp de l’autre candidat remplacé Thomas Lubanga doute encore de l’authenticité de cette seconde liste des députés provinciaux élus publiée par la CENI.
« Nous n’avons pas la certitude sur la valeur authentique du document publié par la CENI puisque même la CENI locale ne l’endosse pas », a déclaré Djokaba Lambi, secrétaire général de l’Union des patriotes Congolais (UPC), parti politique de Thomas Lubanga.
A lui d’ajouter « pour toute déclaration ou autre action à entreprendre, nous attendons le mot d’ordre et l’orientation de notre regroupement politique, car nous sommes partis aux élections au nom d’un regroupement et non au nom de notre parti politique ».
En rappelle, Thomas Lubanga avait été détenu et jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, notamment pour le recrutement et l’emploi d’enfants soldats de moins de 15 ans. Après avoir purgé une peine de 14 ans de prison, il a été libéré le 15 mars 2020.
De son côté, Yves Kahwa Panga Mandro a été condamné à 9 ans de servitude pénale principale en août 2014 par la Cour militaire de la Province Orientale, à Kisangani. Il était incriminé pour une variété de délits, y compris l’assassinat, l’implication dans un mouvement insurrectionnel et la détention illégale d’armes de guerre. Auparavant, en 2006, il avait reçu une condamnation de 20 ans de la part du tribunal militaire de garnison de l’Ituri. Après avoir servi sa sentence, Yves Kahwa a passé un certain temps en Ouganda avant de retourner en Ituri. Avant de rejoindre le parti MLC le 17 mai 2023, il occupait un rôle coutumier important en tant que chef de la communauté Bahema Banywagi basée dans le territoire de Djugu, rappelle-t-on.
Rédaction