Reçues le mardi 1er octobre 2024 par le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Guy Kabombo, les organisations de la société civile de la province de l’Ituri ont exprimé leur profonde inquiétude face à l’escalade de conflit violent qui n’a que trop duré et qui continue à décimer nombreuses familles dans cette partie du nord-est de la République démocratique du Congo.
«Nous avons dit au ministre de la Défense qu’on continue à tuer les civils, les groupes armés locaux et les rebelles ADF sont encore actifs et commettent des exactions contre les populations alors que nous sommes sous un régime spécial qui est l’État de siège, depuis plus de trois ans», a déclaré Dieudonné Losa, coordonnateur de la société civile de l’Ituri.
En seulement une semaine le mois dernier, une quarantaine de civils ont été tués en territoire de Djugu et Irumu, dans une attaque attribuées respectivement aux miliciens CODECO et aux rebelles ADF.
«Tout le monde sait lire que ça ne va pas sur le plan sécuritaire. Des groupes armés naissent, je ne sais pas qu’est-ce que l’État de siège peut présenter comme recette sur le plan sécuritaire, pour que le gouvernement central puisse le consommer ? Pour la population de l’Ituri et du Nord-Kivu, depuis la tenue de la table ronde à Kinshasa, nous attendons seulement la levée de l’État de siège. Et c’est cette même recommandation que nous avons présenté au ministre de la Défense», a indiqué Dieudonné Losa.
Le président de l’Union des associations culturelles pour le développement de l’Ituri (UNADI), Michel Mata Wani a martelé en disant que «La mesure du Chef de l’État décrétant l’État de siège n’a pas apporté des réponses aux préoccupations de la population, parce qu’il n’y a aucun groupe armé qui a été défait, bien au contraire, il y a eu naissance d’autres groupes armés pendant l’Etat de siège ».
Les forces vives de l’Ituri ont déploré la léthargie du gouvernement congolais dans la gestion de la situation sécuritaire en Ituri.
«On ne peux pas comprendre que la région de Goma soit sur militarisée alors et qu’en Ituri l’effectif des militaires soit réduit. Nous avons demandé au ministre de la Défense de renforcer l’effectif des militaires en Ituri, de doter les militaires avec des équipements adéquats et bien traiter ces militaires pour obtenir un bon rendement», a-t-il déclaré.
Pour ce qui est de la rébellion du M23 qui, selon le rapport de l’armée, a obtenu le soutien de la milice Zaïre, active dans le territoire de Djugu, pour déstabiliser la province de l’Ituri et étendre leur mouvement dans la Grande Orientale, Dieudonné Losa a demandé au gouvernement de prendre cette question au sérieux.
«Avec l’avancé du M23 dans le Nord-Kivu, l’Ituri est vraiment exposé. Si le M23 est en collaboration avec la milice Zaïre qui a signé l’accord de paix [unilatéral] avec le gouvernement, c’est-à-dire que leurs dirigeants sont connus et qu’on mette la main sur eux», a dit Dieudonné Losa.
S’agissant des rebelles ADF, les forces vives de l’Ituri ont exigé une meilleure coordination des opérations entre le territoire de Beni (Nord-Kivu) et l’Ituri. Qu’on puisse mettre en place «un seul commandement pour mieux coordonnateur les opérations».
Les représentants des organisations de la société civile ont également exigé «le relèvement et de sanctions contre certains officiers militaires qui sont impliqués dans l’exploitation des minerais, des bois, récolte des Cacaos, chose qui ne fait que aggraver la criminalité en Ituri».
Selon ces organisations de la société civile, pour mieux accompagner le processus de paix dans cette province, il faudra la mise en place effective du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), qui peine à démarrer.
Heri Budjo Joël