L’escalade verbale se multiplie entre Félix Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo et son homologue, Paul Kagame, président de la République du Rwanda, dans les sphères médiatiques.
Dans une interview à Jeune Afrique lundi 25 mars, le président rwandais Paul Kagame a affirmé que son homologue congolais était « capable de tout sauf de mesurer les conséquences de ce qu’il dit » en le qualifiant d’un « manipulateur »
« Tshisekedi a réussi à manipuler des dirigeants des pays, maintenant des régions. Il a engendré des malentendus au sein de la région, et entre les régions. Parce qu’il a joué la SADC contre la Communauté d’Afrique de l’Est », a déclaré Paul Kagame.
A son tour, le président congolais Félix Tshisekedi a qualifié le président rwandais, Paul Kagame, d’un « perturbateur » et, d’enfoncer le clou: « il n’est pas éternel ».
Lundi 25 mars à Kinshasa, le président de la République Démocratique du Congo et son homologue sud-soudanais, président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), Salva Kiir, ont conjointement animé une conférence de presse après un tête-à-tête sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, mais aussi les relations diplomatiques et bilatérales entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
Au cours de cette conférence de presse, Félix Tshisekedi a estimé que le régime de Kagame au pouvoir depuis 24 mars 2000, constitue un frein au vivre-ensemble entre les peuples congolais et rwandais.
« La crise entre la RDC et le Rwanda n’a rien à voir avec le peuple rwandais. Le peuple rwandais ne vient pas envahir le congo, c’est un régime dirigé par un individu qui est devenu friand. Et c’est ce régime qui attaque, qui agresse la RDC. Les peuples de deux pays n’ont aucun problème les uns et les autres, c’est un problème de régime et un régime n’est pas éternel. Tout cela s’arrêtera d’une manière ou d’une autre et nous retrouverons le bonheur de vivre ensemble en tant que voisins. Il n’est pas éternel, son tour viendra un jour », a clamé Félix Tshisekedi, président congolais.
La rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous la facilitation du président angolais, João Lourenço, demeure toujours en projet. Cette tension risque de verrouiller cette voie diplomatique de sortie de crise entre les deux pays.
Pour cette rencontre, les deux Chefs d’Etat posent des préalables.
Le président congolais Félix Tshisekedi aurait donné son « accord de principe » pour cette rencontre en exigeant, notamment « le retrait du territoire congolais des troupes du RDF, la cessation des hostilités sur les fronts et le cantonnement des rebelles du mouvement du 23 mars (M23) avant de rencontrer Paul Kagame ».
Lors de l’interview accordée à Jeune Afrique, une question a été posée au président rwandais Paul Kagame s’il était prêt à rencontrer son homologue Félix Tshisekedi.
« Si la partie congolaise pose des conditions, cela laisse penser que nous pourrions en faire de même. Je ne rencontrerais pas le président Tshisekedi tant qu’il ne reviendrait pas sur ses déclarations à propos d’une attaque du Rwanda et la nécessité d’un changement de régime comme il en a publiquement parlé. Je dirais aussi que, à moins que le FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ne se retire du Congo, je ne veux pas parler au président Tshisekedi […] Ces pré-conditions ne servent pas l’objectif de paix. J’espère que nous pourrons aller de l’avant », a répondu Paul Kagame.
Cette relation tumultueuse entre Kinshasa et Kigali fait suite à la réapparition en 2020 des rebelles du M23 « soutenus par le Rwanda » pour agresser la République Démocratique du Congo.
Rédaction.