Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, est une ville assiégée, coupée du monde par une attaque méthodique destinée à infliger le maximum de souffrances, a déclaré mercredi 5 février 2025, la Ministre d’État et ministre des Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors de la réunion extraordinaire de l’Assemblée parlementaire Afrique-Union européenne tenue à Bruxelles.
«Goma est une ville assiégée, coupée du monde par une attaque méthodique pensée pour infliger le maximum de souffrances. Cette offensive n’a pas seulement visé à prendre le contrôle de la ville, elle a systématiquement détruit les infrastructures vitales, plongeant la ville dans un blackout total. L’eau et l’électricité ont été délibérément ciblées, les routes principales coupées et même l’espace aérien verrouillé», a-t-elle exprimé avec colère.
Face à l’inaction de la communauté internationale, Thérèse Kayikwamba Wagner a alerté que la ville de Goma, occupée par l’armée rwandaise sous le label du M23, est devenue une prison à ciel ouvert. Aucun convoi humanitaire, aucune évacuation médicale, aucun personnel d’urgence ne peut entrer ou sortir autrement qu’en passant par le Rwanda.
La patronne de la diplomatie congolaise a profité de l’occasion pour dénoncer le climat d’horreur instauré par l’armée rwandaise à Goma. Elle a évoqué un bilan encore provisoire de civils assassinés, passant de 700 à plus de 3000, ajoutant que le cessez-le-feu humanitaire sollicité par l’armée rwandaise est une déclaration grotesque et une mise en scène cynique destinée à détourner l’attention pendant que l’irréparable se poursuit.
Prenant la parole à son tour lors de cette réunion, le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a dénoncé l’absence de volonté politique des dirigeants de l’Union européenne pour mettre fin à l’agression rwandaise.
«Il y a une absence de volonté politique, puisque nous savons que si cette volonté politique pouvait naître de cette conférence, aujourd’hui, la guerre pourrait s’arrêter demain. Le Rwanda, ce n’est pas une puissance, ni nucléaire, ni militaire. C’est simplement parce que le Congo se trouve dans un état de faiblesse, un chaos organisé depuis trois décennies», a-t-il affirmé.
Dr Denis Mukwege a également souligné qu’en plus de l’absence de volonté politique, la crise sécuritaire à l’est de la République Démocratique du Congo est négligée en raison de l’insuffisance d’aides alimentaires. L’appel lancé en 2024 n’a pas atteint 50%, alors que la RDC compte actuellement plus de 7 millions de personnes déplacées et plus de 25 millions de Congolais touchés par l’insécurité alimentaire aiguë.
«L’Union européenne, les États-Unis, la communauté des nations ne doivent plus fermer les yeux sur les actions du Rwanda en République Démocratique du Congo», a-t-il insisté.
Rédaction