La scène politique congolaise est de nouveau agitée par l’affaire Constant Mutamba, ancien ministre visé par une procédure judiciaire. Des rumeurs persistantes évoquent un rejet de sa démission par le président Félix Tshisekedi, une allégation jugée « grossière » par plusieurs observateurs, qui y voient une tentative d’influence sur la justice et les institutions républicaines.
Or, juridiquement, la situation ne souffre d’aucune ambiguïté. En vertu de la Constitution, la démission de M. Mutamba s’impose de façon automatique. Il ne s’agit pas d’une décision discrétionnaire, mais d’un impératif légal que même le chef de l’État ne peut entraver, son rôle se limitant à en constater la matérialisation.
D’après des sources proches du dossier, le Parquet général près la Cour de cassation attend la notification officielle de l’Assemblée nationale. Une fois cette étape franchie, M. Mutamba devrait être convoqué pour une audition préalable à sa comparution devant la juridiction compétente. Cette procédure pourrait débuter dès la semaine du 23 juin 2025.
Au-delà du cadre légal, cette affaire soulève des interrogations politiques majeures. Le président peut-il risquer sa crédibilité en soutenant, même implicitement, un ministre soupçonné d’avoir octroyé un marché public à une société fictive, en violation des procédures en vigueur ? Une telle position semble difficilement conciliable avec ses engagements en matière de lutte contre la corruption.
Plus sensible encore : le dossier évoque le détournement présumé de fonds destinés à l’indemnisation des victimes de la guerre des Six Jours. Alors que Félix Tshisekedi a érigé la mémoire du GENOCOST en pilier symbolique de son mandat, une quelconque bienveillance envers un acteur politique affaibli pourrait ternir cet engagement.
Dans un contexte où la RDC s’apprête à sceller un accord stratégique avec les États-Unis, l’affaire Mutamba met à l’épreuve la cohérence et la crédibilité du pouvoir. Pour plusieurs analystes, l’enchaînement des événements laisse entrevoir un changement de cap. La question reste de savoir à quel prix.
Eugène Laro